Mémoire | Film
Steven Spielberg, l'homme et l'enfant - Michaël Prazan
Ce portrait du réalisateur Steven Spielberg par Michaël Prazan, est axé autour de trois thématiques : son enfance, la Shoah et l'Amérique. Ces trois thèmes façonnent profondément, directement ou indirectement, toute son œuvre cinématographique.
L'enfance de Steven Spielberg est une immense source d'inspiration pour ses films. Des souvenirs d'enfance assez anodins et inoffensifs peuvent influencer ses œuvres, comme l'arbre devant la fenêtre de sa chambre qui lui faisait peur la nuit et lui a inspiré, dans "Poltergeist" (1982), l'arbre devant la chambre de Robbie, le fils de la famille hantée par les fantômes, qui s'emparent de lui et essayent de l'aspirer.
Cependant, des souvenirs bien plus profonds et marquants influencent également ses œuvres. Ainsi, le divorce de ses parents devient un motif récurrent de ses films. Pour s'échapper, Steven Spielberg dit qu'il se réfugiait derrière la caméra. Dans "Arrête-moi si tu peux" (2002), le personnage principal Frank Abagnale Jr, ne supportant pas le divorce de ses parents, se cache quant à lui derrière l'usurpation d'identité pour fuir cette situation.
Le jeune Steven Spielberg victime d'antisémitisme de la part de ses camarades dans "The Fabelmans"
Ses origines juives occupent une place essentielle dans les œuvres de Spielberg. Dans sa jeunesse, Spielberg a souffert d'antisémitisme de la part de ses camarades de classe, à tel point qu'il reniait complètement son identité et disait qu'il était allemand.
La Shoah a marqué ses souvenirs d'enfance, notamment un film qu'il avait vu en sixième, "The twisted cross" (1956), qui lui a vraiment fait réaliser l'horreur de la Shoah, mais aussi le témoignage de ses grands-parents qui étaient proches de survivants réfugiés aux États-Unis. C'est en renouant avec son identité juive après la naissance de ses enfants que l'envie de réaliser un film sur la Shoah germe dans son esprit. Le documentaire s'attarde sur "La Liste de Schindler" (1993), particulièrement sur sa rencontre avec un survivant de la Shoah, sauvé enfant par Oskar Schindler, Leopold Page, et sur son voyage à Cracovie.
Depuis "La Liste de Schindler" le ton de sa caméra s'est obscurci", et la Shoah est évoquée à de multiples reprises dans ses œuvres, par exemple comme une évocation allégorique dans "La Guerre des mondes". Le documentaire évoque également son projet archivistique de la USC Shoah Foundation.
Steven Spielberg avec Leopold Page pour le tournage de "La Liste de Schindler"
Enfin, le film se focalise sur la représentation de l'Amérique par Steven Spielberg. Le réalisateur a toujours eu le sentiment "d'incarner une nouvelle vague américaine" aux côtés de George Lucas, avec lequel il a noué des liens forts. Ses films représentent une "Amérique familière et angoissante", dans laquelle la violence peut à tout moment faire irruption dans la banalité du quotidien.
Extrait de "La liste de Schindler"
Documentaire, 2024, 55mn, produit par Ellis Films avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Projection
Jeudi 28 novembre 2024, 20h
Espace Rachi
39, rue Broca
75005 Paris