Mémoire | Film
Opération Barbarossa : au cœur des ténèbres - Thomas Sipp
À 3h du matin, le 22 juin 1941, l’Allemagne nazie envahit l’Union soviétique. Nom de code de l’opération : Barbarossa. Librement inspiré d'une somme historique récente "Barbarossa 1941. La guerre absolue" de Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri parue chez Passés Composés / Humensis, 2019, ce documentaire mêle très finement extraits de lettres et de journaux intimes soviétiques et allemands à l’histoire militaire. Dans cette page parmi les plus noires de l'histoire, qui fit 6 millions de morts civils et militaires, et vit contre toute probabilité les Soviétiques résister puis triompher de l'envahisseur nazi, figurent les épisodes majeurs de la Shoah par balles en Ukraine : le pogrom de Lemberg/Lviv et le massacre de Babi Yar près de Kiev qui annoncent la vague de persécution contre les Juifs d'URSS pendant l'été 1942.
Ce documentaire retrace un moment clé de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, l’invasion de l’URSS par l’Allemagne le 22 juin 1941. Il traite donc de la phase initiale de la plus grande guerre terrestre de l’histoire de l’humanité. D’un point de vue chronologique, il couvre la période qui va de l’attaque surprise du 22 juin 1941 à la contre-offensive victorieuse des forces soviétiques de décembre 1941, qui parvient à dégager Moscou, un temps menacée. Après avoir subi d’énormes pertes, l’Armée rouge a donc déjoué le plan allemand de faire s’effondrer l’URSS en quelques semaines, sous l’effet d’une irrésistible guerre éclair.
Thomas Sipp prend appui sur un livre publié en 2019 par l’historien français Jean Lopez et l’historien géorgien Lasha Otkhmezuri "Barbarossa 1941. La guerre absolue" de Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri parue chez Passés Composés / Humensis. L’ouvrage est une somme sur l'Opération Barbarossa, peu abordée par l’historiographie française, prenant en compte les deux acteurs en présence, à partir de sources allemandes et soviétiques et d’une abondante bibliographie multinationale.
Le documentaire parvient à restituer la démesure et la violence d’une offensive hors norme, avec ses dix millions de combattants et ses cinq millions de morts en 200 jours. Sur le plan proprement militaire, les succès initiaux, puis les inquiétudes allemandes, avant de nouveaux succès remportés en Ukraine, puis l’échec de l’offensive sur Moscou sont précisément retracés, avec la mise en évidence de l’échec stratégique d’une guerre d’invasion qui a sous-estimé l’adversaire soviétique.
La dimension létale et criminelle du projet d’invasion est un élément central du film, avec des développements sur les ordres criminels, l’extermination des Juifs avec les pogroms des premiers jours, notamment celui de Lemberg/Lviv, le massacre de Babi Yar près de Kiev, qui annoncent la vague de persécution contre les juifs d'URSS pendant l'été 1942, le rôle des nationalistes ukrainiens, le stéréotype criminalisant du judéo-bolchevisme qui imprègne la vision du monde des Allemands et aussi les violences contre les civils soviétiques en général, la mort massive des prisonniers de guerre soviétiques abandonnés à la faim et le destin tragique des assiégés de Leningrad. La mise en évidence des souffrances des combattants et des civils est renforcée par le recours à de nombreux témoignages de militaires allemands et de citoyens soviétiques. Par ailleurs, le recours à des séquences d’animation, dessinées par Anaïs Caura permet d'amplifier la puissance suggestive et allégorique du film.
La persécution des populations juives d'Ukraine et d'URSS.
Ce documentaire, de deux fois 52 min, produit par Les Films d'ici, a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Diffusion
Mardi 19 novembre 2024, 20h50 sur arte
►à voir en ligne jusqu'au vendredi 25 avril 2025 sur arte.tv
Dessin d'Anaïs Caura