Mémoire | Film
J'ai dessiné Drancy - Xavier Pouvreau
Georges Koiransky est un dessinateur industriel d’origine russe. Arrêté le 11 juillet 1942 et conduit à Drancy, il va dessiner tout ce qu’il voit pendant les neuf mois de sa détention. Associant ses dessins aussi précis qu'expressifs au texte de son Journal écrit plus tard, ce film révèle la très grande valeur historique de ce témoignage, sur la violence quotidienne envers les internés juifs entre juillet 1942 et mars 1943.
Né en 1894 en Russie et naturalisé français en 1925, Georges Koiransky travaille comme dessinateur industriel. Bien que marié à une femme française non juive, ce qui finira par le sauver, il a conscience du danger qui le menace quand la guerre éclate. Arrêté le 11 juillet 1942 juste avant la rafle du Vél d'Hiv, il est interné à Drancy et Pithiviers pendant 9 mois.
Il commence à dessiner de manière clandestine, grâce notamment à la complicité d'autres détenus pour lui fournir des bouts de papier, et continuera pendant toute la durée de sa détention, avec la volonté de témoigner et de garder une trace de ce qu'il voit et entend, dans cette antichambre de l'extermination qu'est le camp de Drancy.
Rien ne lui échappe : ses dessins terriblement expressifs traduisent la faim, les coups, la brutalité des gendarmes, le désespoir de tous les internés... D'un trait de charbon spontané et précis, ils complètent de manière bouleversante ce qu'il raconte dans son Journal : "La nuit toute entière n’est qu’une longue chaîne de douleur sur laquelle notre sommeil intermittent tisse une trame d’angoisse".
Après la rafle du Vel’ d’Hiv’, il voit arriver des enfants, dont des tout-petits, orphelins de parents déjà déportés, "des criminels de six ans et plus portent l’étoile jaune". Il y a jusqu’à 1000 enfants dans le camp "des petits animaux traqués, affamés... Nous refoulons des larmes d’acier fondu... ma maman, où est ma maman ?"
L'arrivée des enfants à Drancy
Georges Koiransly est envoyé à Pithiviers début septembre 1942, puis à Beaune-la-Rolande, avant de revenir à Drancy tandis que sa femme use de tous les moyens pour le faire libérer, écrivant des lettres aux autorités.
En janvier 1943, il écrit : "saturé de Drancy, je n’ai plus le désir de dessiner, j’aurais beau faire, je ne pourrai pas exprimer tout ce mal. Je dois pourtant faire ce recueil, j’ai la hantise, la psychose des barbelés, mais je ne veux pas abandonner".
Libéré en mars 1943, Georges Koiransky se fait ensuite appeler Horan et écrit rapidement ses souvenirs dans un texte cathartique qui sera publié après sa mort, tandis que ses dessins le seront en 1947 sous le titre Le camp de Drancy (seuil de l'enfer juif). Il décède en 1986.
Documentaire / 53 mn / 2024 / Squawk films - Intermezzo Films - Bip TV
Ce film a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Projection - conférence
Mercredi 22 janvier 2025, 18h30
musée de la Libération de Paris / musée du général Leclerc / musée Jean Moulin
4 Avenue du Colonel Henri Rol-Tanguy
75014 Paris
(Place Denfert-Rochereau)
En présence du réalisateur et de Benoît Pouvreau, historien.