La Nuit de Cristal, les Pogroms de Novembre - Marie-Pierre Camus et Guillaume Vincent

Paris, 7 novembre 1938. Herschel Grynszpan, un jeune Juif réfugié en France, assassine le troisième secrétaire de l’ambassade allemande, Ernst vom Rath. Cet événement sera un prétexte pour déclencher une vague de violence antisémite sans précédent, dans la nuit du 9 au 10 novembre et la journée suivante. Sur le territoire du Reich, plus de 200 synagogues sont incendiées et détruites, des milliers de commerces vandalisés, des appartements privés saccagés. Des centaines de Juifs, pris à partie, sont assassinés ou se suicident, et 30 000 sont déportés vers des camps de concentration.

Dans le parler populaire, on appellera cela la "Nuit de Cristal", en référence aux vitrines brisées qui jonchent les rues le lendemain, une manière de circonscrire les évènements à une simple émeute et quelques dégâts matériels.

Ce film en deux épisodes déconstruit cette imagerie mensongère, et raconte comment ces trois jours ont été un véritable pogrom antijuif, en même temps qu’un tournant majeur dans la répression des Juifs par le régime, préfiguration de la Shoah.

Mêlant de nombreuses archives peu connues, notamment d'événements survenues dans de petites villes de province, et des analyses d’historiens - Nicolas Patin, Christoph Kreitzmuller, Christian Ingrao, Diane Afoumado...-, ce film décrypte l’évènement, ses enjeux, ses conséquences, et montre comment ces trois jours ont fait basculer le sort des Juifs en Allemagne et en Europe. 

Dans des flashbacks habilement construits, le film revient également sur les années précédant l'événement, depuis l'arrivée au pouvoir de Hitler en 1933. Il montre les premières mesures de boycott des magasins juifs, la destitution des fonctionnaires juifs, les campagnes de presse diffamatoires de journaux entièrement aux mains des nazis, habituant progressivement la population à l'idée que les Juifs sont nuisibles. En trois ans, entre 1933 et 1936, 15% des Juifs allemands ont fui le pays, parmi eux des intellectuels, des artistes... Mais la grande majorité des Juifs allemands s'adapte, se regroupe dans les grandes villes, se réfugie dans la vie familiale, ou renoue avec une pratique religieuse, espérant que cela va "s'arranger", d'autant qu'avec les Jeux olympiques de 1936 une pause dans la politique antisémite a été décrétée par Goebbels et le pouvoir nazi. 

Le film analyse aussi l’attitude des États occidentaux avant et après les pogroms de novembre et revient notamment sur la Conférence d’Évian qui s’est tenue en juillet 1938 et se soldera par un échec : tous les pays présents refuseront d’augmenter leurs quotas de réfugiés alors même qu'avec l'Anschluss, le nombre de candidats à l'exil avait considérablement augmenté, avant-même les pogroms de novembre. Le film évoque ainsi le difficile parcours des candidats à l’exil : les Kinderstransports, le départ de réfugiés pour des pays aussi divers que la Chine, Saint-Domingue…

Ces deux documentaires de 52 mn chacun, racontés par la comédienne Dominique Reymond, produits par "Les films en vrac", ont reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Une version de 110 mn a été réalisée pour l'avant-première et les festivals, regroupant les deux épisodes.

Avant-première dans le cadre du Mois du film documentaire

En présence des réalisateurs et de l'historien Nicolas Patin

Dimanche 2 novembre 2025, 14h30

Mémorial de la Shoah
17 rue Geoffroy l'Asnier
75004 Paris

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Diffusion

Mardi 28 Octobre 2025 à 21h00 sur arte