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Ce que j'ai vu à Auschwitz, Les Cahiers d’Alter - présentés par Roger Fajnzylberg et Alban Perrin

Cet ouvrage, résultat d'un long travail de transcription et de traduction, présente un témoignage fondamental, celui d’Alter Fajnzylberg, l’un des rescapés - et résistant - des Sonderkommandos d’Auschwitz-Birkenau, décédé en 1987. Déporté dans l’un des tout premiers convois en provenance de Compiègne en 1942, Alter Fajnzylberg est resté dans le camp jusqu’en janvier 1945.

Parution : vendredi 17 janvier 2025 aux éditions du Seuil - Rencontre autour du livre : jeudi 16 janvier 2025, 19h, Mémorial de la Shoah (Paris)

Roger Fajnzylberg né en 1947, fils unique de Régine, elle aussi rescapée d'Auschwitz, et d'Alter, s'est décidé après la mort de son père en 1987, puis de sa mère en 1991, à ouvrir la boîte à chaussures qui avait suivi la famille de déménagement en déménagement. Dans cette boîte se trouvaient quatre cahiers d'écolier dans lesquels Alter Fajnzylberg a consigné minutieusement dès 1945-1946 tout ce qu'il a vu et vécu, pendant les 18 mois dans les Sonderkommandos, sur les trois années au total passées à Auschwitz-Birkenau. Il décrit avec précision les scènes d'horreur quotidiennes, mais aussi l'esprit de résistance qui animait celles et ceux qui étaient conduits à la mort, contrairement aux clichés de victimes résignées. Cet esprit de résistance animait aussi les membres des Sonderkommandos, obligés d'assister les bourreaux et promis à une mort certaine, mais qui ont su organiser une révolte collective et prendre à la sauvette les seuls clichés existants de femmes juives à l'entrée des chambres à gaz*. 

Il n'a pas écrit et enterré ses écrits sur place à Birkenau comme l'a fait Marcel Nadjary, ni témoigné de son vivant dans un livre comme Shlomo Venezia, mais Alter Fajnzylberg a témoigné dans un procès en Pologne dès 1945 (sous le nom mal transcrit d'Alter Feinsilber) puis en 1974. Et, en 1985, il est retourné à Auschwitz-Birkenau pour répondre aux questions des historiens du camp.

Après-guerre, Alter s'est marié en France et a repris une vie modeste et laborieuse, conforme à ses origines, mais à l'opposé de l'existence très engagée qu'il a menée dans les années 1930. Né en 1911 en Pologne dans une famille pauvre, fervent communiste dès l'adolescence, il a connu la prison en Pologne avant de s'engager dans les brigades internationales et d'être interné en 1939 dans le camp de Gurs. Il sera ensuite arrêté à Paris, interné à Compiègne et déporté par le convoi n°1 du 27 mars 1942. Il survivra à tout, même aux marches de la mort, réussissant à s'évader avec un ami et à se cacher, aidés par une paysanne polonaise (qu'il a retrouvée en 1985). 

Se définissant comme Polonais communiste plus que comme Juif, il a rédigé son manuscrit en polonais et non en yiddish. En 2005, Roger Fajnzylberg rencontre Alban Perrin, jeune historien au Mémorial de la Shoah, qui avec son épouse polonaise va traduire et présenter les textes des cahiers, au plus près de l'original.

Dans sa préface, Serge Klarsfeld, souligne que cet ouvrage est "une contribution exceptionnelle à l’histoire de la Shoah" et qu'Alter qui était athée "a été un héros juif, incarnation de la dignité juive même en cet enfer où les nazis exterminaient les Juifs."

 

*Sur l'utilisation postérieure de ces clichés, lire l'ouvrage de Georges Didi-Huberman. 

Ce que j'ai vu à Auschwitz, Les Cahiers d’Alter - présentés par Roger Fajnzylberg et Alban Perrin

La page 23 du livre. À gauche, le manuscrit original ; à droite, en haut la traduction française, en bas la transcription en polonais. 

Cet ouvrage, qui a demandé près de dix années de travail de transcription et de recherches, est publié aux éditions du Seuil vendredi 17 janvier 2025. 

Sa publication a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Rencontre autour du livre

Jeudi 16 janvier 2025, 19h - en présence de Roger Fajnzylberg, Alban Perrin et Philippe Mesnard.

Mémorial de la Shoah
17, rue Geoffroy l'Asnier
75004 - Paris

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Ce que j'ai vu à Auschwitz, Les Cahiers d’Alter - présentés par Roger Fajnzylberg et Alban Perrin