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Sauvegarde des archives du Commissariat général aux questions juives
Après six ans de travaux, le microfilmage des archives du Commissariat général aux questions juives et du Service de restitution des biens spoliés est achevé. La restitution des microfilms en vue de leur communication aux publics a donné lieu à une cérémonie, le 26 mars 2008, à l’hôtel de Soubise, en présence de Martine de Boisdeffre, directrice des Archives de France, d’Isabelle Neuschwander, directrice des Archives nationales et d’Anne-Marie Revcolevschi, directrice de la FMS.
Après six ans de travaux, le microfilmage des archives du Commissariat général aux questions juives et du Service de restitution des biens spoliés est achevé. La restitution des microfilms en vue de leur communication aux publics a donné lieu à une cérémonie, le 26 mars 2008, à l’hôtel de Soubise, en présence de Martine de Boisdeffre, directrice des Archives de France, d’Isabelle Neuschwander, directrice des Archives Nationales et d’Anne-Marie Revcolevschi, directrice de la FMS.
Des archives essentielles pour comprendre la Shoah
Conservées aux Archives nationales et bien connues par les spécialistes sous le nom d’AJ38, ces archives rassemblent deux fonds principaux. Le premier a été produit par le Commissariat général aux questions juives, créé en mars 1941 ; le second émane du Service de restitution des biens des victimes des lois et mesures de spoliation, institué en janvier 1945 dans les mêmes locaux.
Essentiellement constitués de dossiers individuels (environ 80 % de l’ensemble), ces documents illustrent principalement la politique du gouvernement de Vichy à l’encontre des Juifs : mesures législatives (promulgation du second statut des Juifs du 2 juin 1941), applications de ces mesures (contentieux, enquêtes, etc.), aryanisation économique, propagande, contrôle des organisations juives, de l’UGIF en particulier (Union générale des Israélites de France, organisme représentatif unique mis en place par Vichy).
Un fonds très consulté et en danger
La Mission d’étude sur la spoliation des Juifs de France, créée en 1997 et placée sous la direction de Jean Matteoli, exploita ces archives pour inventorier et évaluer les restitutions déjà réalisées, les spoliations non restituées, et les fonds en déshérence. La mission recommanda la création de deux organismes : la CIVS (Commission d’indemnisation des victimes de spoliation) chargée à partir de 1999 de répondre aux demandes individuelles d’indemnisation, et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, dont la dotation provient des sommes en déshérence qui étaient restées dans les banques et institutions publiques. Elle recommanda également de prendre des mesures visant à favoriser l’ouverture de ces archives au public et à garantir leur conservation pour les générations futures.
En effet, les archives furent dès lors très consultées, tant par les chercheurs que par les familles à la recherche de personnes disparues pendant la Shoah. Des mesures de sauvegarde préventive s’imposaient afin d’éviter la détérioration de documents particulièrement fragiles (papier friable, encres instables, etc.).
Le partenariat entre la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et la direction des Archives de France
Le 5 juin 2002, une convention de partenariat, conclue entre la direction des Archives de France et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, portait sur l’achèvement du microfilmage des fonds. En effet, un quart avait déjà fait l’objet de deux campagnes de microfilmage, la première menée par les Archives nationales, la seconde avec le soutien financier de l’Holocaust Memorial Museum de Washington.
Pour un coût de deux millions d’euros, également supporté par la direction des Archives de France et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, cette campagne aboutit à la réalisation de 6 500 000 vues.
Les travaux ont duré six ans et mobilisé une équipe de 4 permanents aux Archives nationales et plus de 200 vacataires. Trois jeux de films sont destinés aux Archives nationales, au Mémorial de la Shoah et à la direction des Archives de France pour conservation au Centre national du microfilm et de la numérisation (Espeyran).
La communication et diffusion des archives
Ces archives sont désormais intégralement consultables aux Archives nationales. Elles le seront prochainement au Mémorial de la Shoah. Dans le cadre d’un partenariat entre ces deux institutions, elles font l’objet depuis 2007 d’actions éducatives, à destination notamment des classes de troisième et de première. Celles-ci viennent en matinée aux Archives nationales pour des ateliers thématiques : la vie quotidienne à Paris sous l’Occupation, Vichy et les spoliations, et, prochainement, les camps d’internement en France. L’après midi, les classes se rendent au Mémorial de la Shoah où les élèves reprennent ces thèmes en présence de témoins directs.
La mise en ligne de l’inventaire, publié en 1998 par les Archives nationales, et la numérisation des microfilms devraient intervenir dans les prochaines années.