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Juifs disparus : enjeux de mémoire. Entre redécouverte et appropriation
Comment les Juifs disparus sont devenus un enjeu de mémoire majeur dans certains pays européens ? Telle est la question centrale abordée lors de ce colloque international du GDRI CNRS Socio-anthropologie des Judaïsmes (SAJ), Chaire d’histoire des Juifs et du judaïsme.
Existe-t-il un lien entre les processus de démocratisation et le fait de redécouvrir les traces de communautés juives disparues ? Quel rôle la "découverte" d’une ancienne présence juive joue-t-elle dans la reconstruction des mémoires nationales à la suite d’un changement politique majeur?
On peut partir d’un constat : l’effondrement de l’Empire soviétique en 1989 a été l’occasion pour les États qui le composaient d'un redécouverte des Juifs qui y avaient vécu avant la Shoah. En Pologne, en Lituanie, Lettonie, Estonie, en Hongrie, en République tchèque, en Ukraine, en Allemagne de l’Est intégrée à la République allemande, les deux dernières décennies ont été l’occasion d’une réévaluation sans précédent de la place des communautés juives disparues, d’un travail colossal sur les traces matérielles laissées par cette histoire, d’une réappropriation de cette histoire dans des mémoires nationales exsangues après des décennies de dictature communiste.
Les Juifs disparus sont devenus un enjeu de mémoire majeur, ils ont souvent constitué, ce qu’ils n’avaient jamais pu être de leur vivant, un objet majeur d’identification, du moins pour une partie des populations de ces pays.
On avait pu observer un phénomène comparable dans la République fédérale allemande des années 1960 : c’est après avoir tourné la page du nazisme que dans cette nouvelle Allemagne on portait un autre regard sur ce passé. C’est après la chute du franquisme qu’on a redécouvert la richesse de l’expérience juive médiévale. Cinq siècles après l’expulsion tragique et alors que l’identité nationale espagnole était à la recherche de nouveaux lieux d’ancrage pour s’émanciper de la dictature, l'histoire sefarad était soudainement redécouverte et revendiquée.
Comment caractériser les phénomènes d’appropriation des héritages juifs ?
Colloque international du GDRI CNRS Socio-anthropologie des Judaïsmes (SAJ), Chaire d’histoire des Juifs et du judaïsme
Comité d’organisation : Michèle Baussant (Jérusalem), Chantal Bordes-Benayoun (Toulouse), Jacques Ehrenfreund (Lausanne), Emanuela Trevisan-Semi (Venise)
Ce colloque a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Programme (pdf)