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"Courage". Psychiatres, psychologues, psychanalystes en exil en France (1933-1946) - Florent Serina
La recherche de Florent Serina, en 2ᵉ année de post-doctorat, s’intéresse au parcours d’une trentaine de psychologues, psychiatres, et psychanalystes en exil en France entre 1933 et 1946. Son objectif vise à faire connaître la présence en France de ces personnalités aujourd'hui méconnues et leur contribution à l’histoire scientifique, culturelle et politique de notre pays sur cette période.
La recherche de Florent Serina, en 2ᵉ année de post-doctorat, s’intéresse au parcours d’une trentaine de psychologues, psychiatres, et psychanalystes en exil en France entre 1933 et 1946. La plupart étaient juifs, mais éloignés de toute pratique religieuse, et de nationalité autrichienne ou allemande : dans leur pays, leur prise de position politique les ont très rapidement mis dans le viseur des nazis et contraints à l’exil. La France était alors perçue comme un sanctuaire européen de la psychologie de l’inconscient et des théories freudiennes diffusées notamment grâce à Marie Bonaparte dans les années 1920.
À nouveau mis en danger en France dès septembre 1939, ces personnalités aujourd’hui assez méconnues connaissent alors des destins divers : certains parviennent à échapper à l’arrestation et à fuir aux États-Unis, notamment grâce à des soutiens politiques et au réseau de Varian Fry, quand quelques autres sont déportés, parfois vers les camps de la mort. Leur rapport à la France est également divers : certains sont parfaitement francophones, d’autres moins ; ils restent parfois plusieurs années ou seulement quelques mois ; ils ont parfois entamé des démarches de naturalisation, mais aucun n’est revenu en France après 1945.
Parmi ces psychologues, psychiatres ou psychanalystes étrangers présents en France, certains sont indépendants, d’autres forment des groupes. L'un de ces groupes est celui des adlériens, autour d’Alfred Adler, ce médecin viennois ayant rompu en 1911 avec Freud pour élaborer la psychologie individuelle, insistant sur le caractère indivisible de la personne humaine, corps et esprit, et invitant à développer le courage pour dépasser sa propre condition. La rupture avec Freud se matérialisa notamment par l’abandon du divan pour une relation en face à face entre le thérapeute et le patient, plus égalitaire.
Couverture d'un numéro de la revue Courage
Pour écrire l’histoire sociale, politique et culturelle de ces parcours, le chercheur s’appuie sur une multitude de sources, croisant les archives des sociétés savantes, récits personnels ou correspondances avec des sources administratives, comme les dossiers de naturalisation ou de carrière, les demandes de reconnaissance de réfugié, ou les rapports de police… Le titre de la recherche « Courage » vient de la revue du même nom, éditée par le groupe de disciples d’Adler en exil à Paris, de manière confidentielle, et qui fait référence à l’importance de cette notion dans la théorie adlérienne, où les patients, et notamment les enfants, sont encouragés à dépasser leur sentiment d’infériorité.
Dans cette recherche, Florent Serina ne se limite pas aux cercles freudiens établis, mais dépasse les querelles d’écoles psychanalytiques pour élargir à d’autres figures indépendantes. Son objectif vise à faire connaître la présence de ces personnalités en France, et leur contribution à l’histoire scientifique, culturelle et politique de la France au cours de cette période.
La Fondation pour la Mémoire de la Shoah soutient la recherche de Florent Serina via une bourse postdoctorale pour la 2ᵉ année consécutive.