L'Ultime Besoin d'un récit - Génia Klukowski
2022
KLUKOWSKI
Génia Kukowski a attendu d'avoir terminé un long travail personnel avant de témoigner. Il lui a fallu comprendre qu'elle n'avait pas été abandonnée par sa mère, internée dans les camps du sud de la France puis immigrée en Israël sans la petite Génia, née en 1943. Prise en charge par l'OSE, comme son frère et sa sœur, elle rencontre des difficultés sa vie durant qu'elle parvient à surmonter grâce à l'art et à son engagement humanitaire. Elle découvre tardivement que sa mère a essayé vainement d'emmener ses enfants avec elle.
Génia est née en juillet 1943 à la maternité d’Elne du Secours suisse aux enfants, dans les Pyrénées-Orientales, alors que son père vient de disparaître dans l’usine de mort de Majdanek et que le reste de sa famille, venue de Pologne via la Belgique, est internée dans les camps du sud de la France.
Ce n’est que tardivement que Génia a ressenti la nécessité d’écrire son parcours. Prise en charge par l’OSE – comme son frère et sa sœur, elle aussi née à Elne en juillet 1941 – en raison de l’incapacité de sa mère à les garder, Génia a découvert, grâce aux archives de cette organisation bienfaitrice, que sa mère avait vainement multiplié les démarches pour les emmener avec elle en Israël rejoindre ce qui lui restait de famille.
Sans fard, Génia nous raconte sa vie conditionnée par la Shoah : les maisons d’enfants puis le Foyer de la Voûte, les difficultés du travail, des relations familiales, sans omettre les rencontres importantes et sa volonté d’exprimer sa personnalité par les arts. Femme de caractère et de convictions, elle s’est également engagée dans des organisations humanitaires, antiraciste et de solidarité, luttant à sa mesure contre l’intolérance, l’injustice et la misère.
Génia Klukowski est décédée en août 2023.
Dans son avant-propos sur le travail considérable de l’OSE durant l’après-guerre, Katy Hazan écrit :
Le texte de Génia est emblématique des difficultés de la reconstruction, chacun des protagonistes lutte à sa manière pour essayer de s’en sortir. Génia a fait un réel travail d’investigation et d’introspection : partir sur les traces de ses parents, pour recoudre les trous de la toile familiale. Elle a su faire la part des choses, ne pas juger. Elle découvre petit à petit, à l’âge adulte qu’elle n’était pas une enfant abandonnée et que sa mère n’était pas une mauvaise mère. Au contraire, elle montre que ce qu’elle avait vécu comme un abandon recouvrait une situation compliquée, sinon dramatique, celle de l’Histoire avec sa grande hache, selon le mot de Georges Pérec.
Présenté et annoté par Katy Hazan
208 pages, 50 illustrations.
Collection Témoignages de la Shoah, Éditions Le Manuscrit / Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Août 2022