Mémoire | Exposition

Les Tribulations d'Erwin Blumenfeld, 1930-1950

En 180 photographies parfois inédites, cette exposition revient sur les "tribulations", la vie mouvementée et l'œuvre protéiforme d'Erwin Blumenfeld (1897-1969). Né à Berlin en 1897, il immigra aux Pays-Bas en 1918, puis en France dans les années 1930. Il parvint à fuir avec sa famille en 1941, direction les États-Unis, après avoir connu les camps d'internement. De l'influence de Dada à la photo de mode new-yorkaise, Erwin Blumenfeld expérimenta avec talent diverses tendances du 8e art.

À voir jusqu'au dimanche 5 mars 2023 mahJ, Paris (3e)

Né à Berlin en 1897 dans une famille juive, aisée et cultivée, il se voit offrir son premier appareil photo à 10 ans. Dès sa jeunesse, il fréquente les milieux d'avant-garde littéraire et artistique. Mais il doit aussi faire preuve de grandes capacités d'adaptation car la mort de son père en 1913 entraîne la faillite de l'entreprise familiale et son entrée dans la vie active, puis son installation aux Pays-Bas en 1918 où il se marie avec Léna avec qui il aura trois enfants. Il tient un magasin de maroquinerie tout en écrivant, peignant et pratiquant la photographie en amateur.

En 1928-1929, lors d'un séjour touristique en France, il fait un reportage photographique inédit sur le pèlerinage gitan aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Cet ensemble inédit est présenté pour la première fois dans l'exposition.

Lorsque son magasin périclite au début des années 1930, il propose à ses clientes de leur tirer le portrait. C'est le début de sa carrière de photographe professionnel. En voyage de noces à Amsterdam, Geneviève Rouault, fille du peintre Georges Rouault, découvre son travail et lui propose de l'introduire dans le milieu artistique parisien où il se fait vite une place et devient un photographe de mode prisé, travaillant pour Vogue et Harper's Bazaar à Paris comme à New-York où il s'installe définitivement pendant la guerre. 

Mais c'est aussi un reporter, qui photographie les Gitans aux Saintes-Maries-de-la-Mer ou les Indiens au Nouveau-Mexique, un expérimentateur, volontiers engagé, qui se livre à des portraits surréalistes mêlant la tête d'Hitler à celle d'un animal.

En tant qu'"étranger indésirable", il connaît la dureté des camps d'internement en France et au Maroc dont il tire quelques clichés saisissants avant d'embarquer avec sa famille en août 1941, grâce à la Hebrew Immigrant Aid Society, une organisation juive de secours, à destination de New York.

Blumenfeld, qui était un aussi un homme d'écriture, note dans son autobiographie, publiée en 1955, Jadis et Daguerre :

"Quelques pauvres filles qui avaient couché avec des Allemands ont été tondues, comme au cinéma. La grande putain, Marianne, qui avait violé les droits de l’homme, resta impunie."

 

Autoportrait dans le studio de la rue Delambre, Paris, 1939. © The Estate of Erwin Blumenfeld, 2022.

Autoportrait dans le studio de la rue Delambre, Paris, 1939.
© The Estate of Erwin Blumenfeld, 2022.

À travers près de 180 photographies — dont des ensembles jamais exposés — et de nombreux documents, l’exposition "Les Tribulations d’Erwin Blumenfeld, 1930-1950" met en lumière la période la plus féconde du photographe. Elle offre également des éclairages sur sa vision de l’art et sur sa vie personnelle pendant l’Occupation. Après des expositions au musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône en 2012, reprise à la Cité de la Mode et du design en 2017 et en 2013 au Jeu de Paume, l'exposition du mahJ approfondit "ce que la vie et l'œuvre de Blumenfeld doivent en propre à la culture et au destin des Juifs européens pris dans les tourmentes de la première moitié du XXe siècle."

(extrait de la préface par Paul Salmona du catalogue de l'exposition à paraître aux éditions mahJ-RMN Grand Palais).

Commissariat général : Paul Salmona
Commissariat scientifique : Nadia Blumenfeld-Charbit et Nicolas Feuillie
Scénographie : Laurence Le Bris
Graphisme : Margaret Gray

 

Cette exposition a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. 

Dossier de presse (pdf)


 

Hitler, Grauenfresse (Hitler, gueule de l'horreur), Pays-Bas, 1933 © The Estate of Erwin Blumenfeld, 2022.  

Hitler, Grauenfresse (Hitler, gueule de l'horreur), Pays-Bas, 1933
© The Estate of Erwin Blumenfeld, 2022.

 

Informations pratiques

Du jeudi 13 octobre 2022 au dimanche 5 mars 2023

Musée d'art et d'histoire du Judaïsme - mahJ
Hôtel de Saint-Aignan
71, rue du Temple
75003 Paris

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