Mémoire | Publication
Les Résistantes, l'histoire inédite des femmes juives dans les ghettos - Judy Batalion
Avec du courage, de la ruse et des nerfs d'acier, ces "filles du ghetto" ont fait passer des armes à feu dans des miches de pain et des messages codés dans leurs cheveux tressés. Elles ont soudoyé des gardes de la Gestapo avec de l'alcool, assassiné des nazis et saboté les lignes d'approvisionnement allemandes. Peu de ces femmes incroyables ont survécu à la guerre, mais ce livre fait revivre leur histoire effacée par le temps et leurs exploits aussi courageux que méconnus.
En 2007, l'historienne Judy Batalion, née à Montréal en 1977 dans une famille de survivants de la Shoah yiddishophones, est à la recherche de "femmes juives puissantes". Elle s'intéresse à l'héroïne célébrée en Israël, Hannah Senesh, symbole de la résistance des femmes, célébrée parce que qu'elle quitta le yishouv, l'établissement juif de Palestine, pour venir au secours de la dernière communauté juive encore intacte en mars 1944, celle de Hongrie.
En faisant ses recherches à la British Library de Londres, Judy Batalion tomba sur un ouvrage en yiddish de 180 pages, publié en 1946. Il s'agit d'un assemblage d'écrits évoquant une quantité de personnages, sans annotations, sans explication, sans contexte permettant de comprendre leur histoire.
Douze ans après cette découverte, cet ouvrage est devenu le cœur d'un projet historique et littéraire qui l'intègre et le dépasse. À la bibliothèque d'Israël, Judy Batalion prend connaissance des notices nécrologiques des nombreuses combattantes qui n'ont pas survécu, des autobiographies de certaines des rescapées. Elle écume les archives de plusieurs pays, recueille des témoignages oraux, retrouve certaines familles.
S'appuyant sur cette importante documentation (925 références à la fin de l'ouvrage !), l'auteur réussit à faire revivre l'histoire effacée par le temps de ces femmes incroyables dont peu ont survécu à la guerre. Elle retrace leurs exploits aussi courageux que méconnus.
Avec du courage, de la ruse et des nerfs d'acier, ces "filles du ghetto" ont fait passer des armes à feu dans des miches de pain et des messages codés dans leurs cheveux tressés. À Jedzejow, Bedzin, Cracovie, Vilnius, Varsovie ou Radom, dans les caches, dans les trains qui sillonnent la Pologne, dans les égouts, dans les forêts, dans les prisons de Pawiak ou de Myslowice, à Auschwitz, nous suivons ces héroïnes qui ont soudoyé des gardes de la Gestapo avec de l'alcool, assassiné des nazis et saboté les lignes d'approvisionnement allemandes...
Toutes, les vivantes et les mortes, sombrèrent dans l'oubli, à l'exception de l'une d'elle, Zivia Lubetkin, seule femme membre de la direction de l'organisation juive de combat (ZOB). Elle survécut, émigra en Palestine, et fut, avec son mari et compagnon de résistance Antek Zuckerman, l'une des fondatrices du kibboutz des combattants du ghetto. Elle témoigna en 1961 au procès d'Adolf Eichmann mais sa notoriété resta modeste.
Ce livre devrait faire connaître Zivia Lubetkin et ses compagnes à un large public.
Ce livre est paru en 2019 aux États-Unis sous le tire de The Light of Days où il a reçu un très bon accueil de la presse et du grand public.
Il devrait faire prochainement l'objet d'une adaptation cinématographique.
Il a été publié dans 40 pays et sa traduction française - par Omblage et Danielle Charon - est parue en mars 2022 aux éditions les Arènes.
Cette parution française a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.