Le chagrin et la pitié, la France de Vichy dynamitée - Joseph Beauregard

Le "Chagrin et la Pitié" de Marcel Ophuls, sorti dans une petite salle parisienne — le cinéma Saint-Séverin — en 1971 et, après avoir été refusé par l'OR TF, diffusé finalement en 1981 sur la télévision publique, demeure un film symbole, qui en dit autant sur la France de l'Occupation que sur celle des années 1960-1970, la France de De Gaulle, Pompidou et de Mai 68. 

Le film de Joseph Beauregard, un réalisateur passionné par l'histoire des films et du cinéma, sous-titré "La France de Vichy dynamitée", raconte comment et pourquoi le documentaire de 4 h a secoué les consciences, et incarné une fracture générationnelle. Il s’est emparé des "fantômes" encore bien présents de la Collaboration, a remis en lumière le rôle de Vichy dans la déportation des Juifs et provoqué une prise de conscience dans l’ensemble de la société.

Le réalisateur a obtenu l'accord de Marcel Ophuls aujourd'hui âgé de 95 ans, a retrouvé des témoins de l'époque, dans la ville de Clermont-Ferrand, à Paris la propriétaire du Saint-Séverin...- et s'est appuyé sur l'expertise historique de Laurent Joly, spécialiste de la politique de Vichy et de la déportation des Juifs. 

Bien que très célèbre, y compris à l'étranger, maintes fois commenté, et souvent considéré comme pionnier du genre documentaire d'investigation, le film de Marcel Ophuls n’occupe sans doute plus la place centrale qui était la sienne dans le panthéon des documentaires consacrés à la Seconde Guerre mondiale et au sort des Juifs d’Europe. Marcel Ophuls a, à plusieurs reprises, fait part de son amertume vis-à-vis de la manière dont Shoah de Claude Lanzmann avait éclipsé son œuvre et fait oublier la dimension pionnière de son écriture documentaire. 

Le film de Joseph Beauregard rappelle, plus de 50 ans après sa sortie, l’importance qui fut celle du "Chagrin et la pitié", les débats houleux qu’il provoqua - Simone Veil trouvait, par exemple, qu'il ne parlait pas suffisamment des Juifs qui avaient été sauvés par des Français — et la manière dont il contribua à refaçonner la mémoire de l’Occupation, brisant avec le mythe gaullien d'une France résistante. 

Ce film, produit par les Films du Tambour de soie, a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. 

Diffusion 

Mercredi 10 avril 2024, 23h25 sur arte

►Disponible sur arte.tv jusqu'au jeudi 24 octobre 2024