Mémoire | Film

Le cas Léon K - Jérôme Prieur et Aude Vassallo

Parmi les milliers de lettres envoyées à l’administration de Vichy entre 1941 et 1944, deux lettres quasiment identiques adressées au maréchal Pétain ont été́ écrites à un jour d’intervalle, en août 1942, par un jeune Polonais, Léon Kacenelenbogen. Interné dans les camps de Vichy, qu’est devenu l’auteur de ces deux suppliques bouleversantes ? Le cas Léon K. est la filature de ce fantôme à travers la Pologne, la Belgique, la France, l’Espagne, la Palestine mandataire et Israël...

Projection en avant-première : jeudi 28 novembre,19h , Mémorial de la Shoah, dans le cadre du Mois du film documentaire

À l’origine, deux lettres parmi des milliers, deux lettres sélectionnées par Jérôme Prieur et l'historien Laurent Joly pour leur film Les suppliques, deux lettres bouleversantes, reprises dans l’application Suppliques stories et le spectacle théâtral Les suppliques du Birgit ensemble. À chaque fois, la lecture, l’écoute ou l’interprétation de ces deux lettres est bouleversante. Il y a le contexte, un jeune homme de 20 ans écrit à Pétain son envie de vivre ; il y a le registre à la fois ironique et solennel, l’équilibre, la force et l’intelligence d’une lettre écrite dans un français parfait par un Polonais apatride. La graphie est régulière, elle trahit toutefois l’émotion de son auteur, ce qui étreint le spectateur d'aujourd'hui. Il y a enfin ces 24 heures entre les deux lettres presque identiques, comme deux versions d’un même tableau. Ces deux missives n’ont abouti à rien, selon le sort partagé par toutes les autres suppliques.
 Mais elles disent le caractère de l’auteur. Léon Kacenelenbogen, né en 1921 en Pologne, n’a pas attendu la réponse. Il s’est évadé, on ne sait trop comment, a traversé à pied les Pyrénées, est arrivé en Espagne où il s'est fait passer pour un anglais, pilote de la RAF, est emprisonné dans le camp de Miranda près de Barcelone d'où il finit par embarquer à bord du Nyassa, le premier bateau de réfugiés à destination de la Palestine mandataire où il aurait peut-être participé à la guerre de 1948. En 1950, il quitte Israël et retourne en Belgique où il travaille comme diamantaire - une carrière professionnelle sans histoire-, obtient la nationalité belge en 1961, se marie avec Bracha en 1966 - un mariage sans enfant -, puis meurt en 2017, à Anvers, à l’âge de 96 ans sans avoir jamais raconté son histoire pourtant bien mouvementée. Mais sans avoir non plus signifier à ses proches qu'il ne voulait pas qu'on le fasse pour lui...

La famille de Léon, une nièce, un neveu, une belle-sœur, un autre neveu installé à Tel-Aviv (qui ne souhaitait pas parler à l'équipe du film), a donné des informations précieuses pour remplir les vides. Il en reste inévitablement qui font partie de ce film original, comme les silences du personnage principal. 

Pour s'approcher de Léon K, de son mystère, plusieurs historiens, écrivains... ont été interrogés par le réalisateur et par Aude Vassallo, qui a mené l'enquête, la filature internationale de "l'ombre K" : Catherine Nicault (ancienne rédactrice en chef d’Archives juives), Laura Hobson Faure (historienne, spécialiste du Joint Committee), Alexandre Doulut (historien du camp de Rivesaltes), Josep Calvet (du Mémorial de Miranda), Laurent Olivier (archéologue) ou l’écrivain Marcel Cohen qui a accepté d’évoquer le silence des témoins - ce silence qui fut très longtemps le sien. 

Cette réflexion sur le non-témoignage de Léon K., cet homme qui à l'évidence avait les capacités de s'exprimer, est donc au cœur du film.

Le cas Léon K - Jérôme Prieur et Aude Vassallo

Documentaire /80mn / La Générale de productions

Laurent Joly est le conseiller historique du projet.

Ce documentaire a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. 

 

Diffusion 

Projections en avant-première dans le cadre du Mois du film documentaire : 

 

  • Jeudi 7 novembre 2024, 18h30, Mémorial de Rivesaltes

Réserver

 

  • Jeudi 28 novembre,19h, Mémorial de la Shoah, Paris

Réserver 

Le cas Léon K - Jérôme Prieur et Aude Vassallo

Famille Kacenelenbogen, de gauche à droite : Léon, Bella, Azryl et Meryem, Varsovie, vers 1926-1927. Abraham, surnommé Abie naîtra en 1934 en Belgique. 

Le cas Léon K - Jérôme Prieur et Aude Vassallo

Léon sur le paquebot Nyassa en 1944