La Fondation | Communiqués
Hommage à Marceline Loridan-Ivens
Rescapée de la Shoah, Marceline Loridan-Ivens est morte mardi 18 septembre 2018 à l'âge de 90 ans. Elle nous laisse une œuvre cinématographique et littéraire profondément marquée par l'expérience des camps. Son regard, sa sensibilité et sa force de vie resteront dans les mémoires.
Rescapée de la Shoah, Marceline Loridan-Ivens est morte mardi 18 septembre 2018 à l'âge de 90 ans. Elle nous laisse une œuvre cinématographique et littéraire profondément marquée par l'expérience des camps.
Marceline Rozenberg est née en 1928 à Épinal d'une famille juive ouvrière polonaise originaire de Lódz. Quittant Épinal pour Nancy, Salomon Rozenberg, père de cinq enfants, entame une ascension sociale au cours des années 1930 après avoir fondé une fabrique de tricots.
Tandis que l'aîné de ses enfants, étudiant en médecine, naturalisé français, participe à la campagne de 1940 avant de gagner les Forces françaises libres via l'Espagne, la famille se réfugie à Limoges puis à Lyon où Marceline est placée jusqu'en mars 1941 en foyer d'enfants, en compagnie de son frère Michel et de sa sœur Jacqueline.
De là, la famille Rozenberg s'installe dans le château de Gourdon à Bollène dans le Vaucluse, que Salomon vient d'acquérir, tandis que Marceline est scolarisée dans des pensionnats de jeunes filles. Exclue du pensionnat d'Orange pour avoir tenu un journal réputé subversif, elle est un temps enfant cachée.
Arrêtée au domicile familial, en même temps que son père, lors d'une rafle de la Gestapo d'Avignon aidée par les miliciens, Marceline est déportée de Drancy à Auschwitz le 13 avril 1944 par le convoi 71. Elle rencontre Simone Veil avec qui elle liera une relation d'amitié indéfectible.
Affectée à différents kommandos, Marceline est transférée en novembre au camp de concentration de Bergen-Belsen et travaille à l'usine d'aviation du camp annexe de Raguhn d'où elle est évacuée en avril 1945 pour Theresienstadt où l'Armée rouge la libère en mai 1945.
Photo : Thomas Padilla
Militante anticolonialiste, un temps engagée aux côtés du parti communiste, compagne du cinéaste néerlandais Joris Ivens, Marceline Loridan-Ivens a transfiguré son expérience de la déportation et du deuil des siens dans une œuvre tardive originale née à la suite de son retour en Pologne en 1991.
En 2003, Marceline Loridan-Ivens a traduit son expérience de déportée dans son film La petite prairie aux bouleaux avec Anouk Aimée. Elle a témoigné à de nombreuses reprises notamment auprès d'élèves de collèges et de lycées.
Son regard, sa sensibilité et sa force de vie resteront dans les mémoires. L'équipe de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah adresse à ses proches ses plus sincères condoléances.
À voir, à lire
Témoignage de Marceline Loridan-Ivens dans la collection Mémoires de la Shoah (INA /Fondation pour la Mémoire de la Shoah, 2005)
La petite prairie aux bouleaux, un film réalisé par Marceline Loridan-Ivens (2003)
Chronique d'un été, un film de Jean Rouch et Edgar Morin, avec Marceline Loridan-Ivens (1961)
Ma vie balagan, récit écrit avec la journaliste Élisabeth D. Inandiak, Robert Laffont, 2008
Et tu n'es pas revenu, récit écrit avec Judith Perrignon, Grasset, 2015
L'amour après, récit écrit avec Judith Perrignon, Grasset, 2018
Publié le 04/01/2024