Isidore et Simone, Juifs en résistance - Simon Louvet & Remedium

Isidore Adato aurait rêvé n’être qu’un Français, un fonctionnaire, un fils, un mari et un père. Mais la "petite" histoire de ce fils d’immigrés ottomans juifs a été percutée par le tourbillon de la "grande" Histoire. Mobilisé au début de la Seconde Guerre mondiale, Isidore est exclu de la fonction publique par les lois antisémites du régime de Vichy, en 1940. Les parents d’Isidore sont dénaturalisés, sept ans après avoir obtenu de haute lutte leur nationalité française.

Arrêté lors de la deuxième rafle de la police française, en août 1941, Victor Adato, le père d’Isidore, est interné à Drancy puis déporté. Un an plus tard, la mère et le petit frère d’Isidore sont eux aussi arrêtés et déportés sans retour vers Auschwitz. Les parents de Simone, l'épouse d’Isidore, connaîtront le même destin en 1943.

Face aux persécutions antisémites, Isidore et Simone cachent leurs deux filles dans un couvent de l’Aveyron. Les fillettes, âgées de trois et six ans, survivront à la guerre. Quand Simone rejette les avances de son employeur, ce dernier la dénonce comme juive. Elle est libérée parce que le gendarme chargé de l’interroger la connaît. Le couple entre alors en clandestinité et s’engagent dans le maquis en 1944, grâce aux liens conservés avec les Éclaireurs israélites de France, les scouts juifs où ils se sont rencontrés dans les années 1930. Isidore est au maquis de Vabre, dans une compagnie à commandement juif. C’est l’un des seuls maquis juifs de France.

Les maquisards de Vabre attaquent un train allemand et libèrent Castres en août 1944. Ils s’engagent ensuite pour la Libération de la France, dans la Première armée, et se battent dans les Vosges et en Alsace. Ils sont engagés dans de violents combats pendant le rude hiver 1944 et franchissent le Rhin. Ils terminent la guerre sur les bords du lac de Constance, où ils défilent devant le général de Gaulle le 21 mai 1944. Redevenu civil, Isidore retrouve sa femme et ses filles mais il a perdu ses parents et son frère. Simone aussi a perdu ses parents, un oncle, une tante et une cousine. La famille s’attache alors à un but : vivre. Un nouvel enfant naît. Puis Simone meurt et Isidore se tait. Il faudra trois générations pour que l’histoire universelle de cette famille française reprenne vie.

Car l’histoire d’Isidore est aussi celle d’une transmission entre une grand-mère et son petit-fils. Cachée pendant la guerre, la fille d’Isidore a raconté certains éléments du parcours familial à son petit-fils devenu journaliste, Simon Louvet, scénariste de cette bande dessinée. Simon a retracé les itinéraire de ses ancêtres après plus de deux ans de recherches, afin d’aboutir à la parution de ce roman graphique qui repose uniquement sur des faits historiques.

La bande dessinée se déploie en sept chapitres, de l’arrivée en France des parents d’Isidore à la transmission de cette histoire, mise en relief par les dessins de Remedium (Christophe Tardieu de son vrai nom).

Elle se termine par un dossier pédagogique coordonné par Olivier Lalieu, historien et responsable de l'aménagement des Lieux de mémoire et des projets externes au Mémorial de la Shoah. 

Cette bande dessinée, publiée par les éditions Ouest-France, a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Parution mardi 10 octobre 2023