Enseignement | Projet pédagogique
Avon-Paris-Drancy : sur les traces des enfants du Père Jacques et de deux déportés du convoi 77 - collège Jean de la Fontaine, Le Mée-sur-Seine (77)
Le projet du collège Jean de La Fontaine était de faire réfléchir deux classes de 3? sur le thème de la Shoah de deux manières différentes : une première classe a participé au projet "Convoi 77" en retraçant le parcours de deux déportés de ce convoi, Adolphe Feinstein et Paulette Jachimowicz. La deuxième classe a participé au CNRD en écrivant une pièce de théâtre autour de la personnalité du Père Jacques du Petit collège d'Avon.
Le projet du collège Jean de La Fontaine du Mée-sur-Seine en Seine-et-Marne pour l'année scolaire 2022-2023 était de faire réfléchir deux classes de 3? sur le thème de la Shoah de deux manières différentes.
Une première classe a participé au projet "Convoi 77" en retraçant le parcours de deux déportés de ce convoi : Adolphe Feinstein et Paulette Jachimowicz, petite fille de 9 ans.
Dans le cadre de cette recherche, les élèves ont visité le Mémorial de la Shoah à Paris où ils ont pu assister au témoignage d'Anna Koch, enfant cachée. Ils ont ensuite visité le Musée mémorial du camp de Drancy où Paulette Jachimowicz a été internée avant d'être déportée à Auschwitz-Birkenau. Faute de photographie de Paulette, les élèves ont imaginé un dispositif qu'ils ont pris en photo en pensant que cette image — une marelle dessinée à la craie dans la cour de leur collège — pourrait la représenter. Voici leur texte explicatif : "On a choisi la marelle, car c'est un jeu d'enfant. Les trois premières cases de la marelle symbolisent le peu de temps d'enfance que Paulette a vécu, avec les jouets. Plus on avance vers les cases, plus on avance vers la mort représentée par la croix gammée, le numéro du convoi et les barbelés autour de la marelle ". Deux élèves ont ensuite imaginé le monologue de Paulette à partir de son arrestation à Saint-Mandé en 1944.
" Un jour, le 22 juillet 1944, je pars, avec les autres enfants qui sont avec moi, de l'endroit où je suis
c'est-à-dire, le centre UGIF de Saint-Mandé. On a peur parce qu'on doit vite rassembler nos
affaires. On monte dans le bus et des policiers allemands nous demandent de le faire. On fait un
trajet de 30 minutes, il fait chaud, je pleure parce que ma maman me manque beaucoup. La
directrice du centre, Madame Cahen, me dit qu'on va dans un endroit accueillant, je me demande ce
que c'est. Madame Cahen, c'est la dame qui s'occupait de nous au centre, c'est une dame
extraordinaire parce qu'elle s'est toujours occupée de nous et elle nous a toujours aidées !"
Représentation symbolique d'Adolphe en boxeur qui combat le nazisme © Collège Jean de La Fontaine
Adolphe Fenstein a été déporté à Auschwitz-Birkenau où il a été assassiné à 39 ans. Les élèves ont pu rencontrer la nièce d'Adolphe, Annie Esterzon, qui leur a confié une photographie d'Adolphe. Elle leur a aussi fourni des documents pour constituer l'arbre généalogique d'Adolphe. Comme pour Paulette, les élèves ont imaginé une représentation symbolique d'Adolphe : il s'agit d'un boxeur qui combat, ce qui renvoie à la résistance active au nazisme. En effet, Adolphe était résistant. Deux élèves ont imaginé le monologue d'Adolphe quand il était à Drancy.
"Je me suis fait arrêter par la police Allemande à Bois-Le-Roy, interner à Fresnes pour cause de
résistance. Vu que je suis juif, moi et d'autres camarades de Fresnes, on est tous envoyés à Drancy.
Pourquoi on va là-bas ? Qu'est-ce qu'ils vont faire de nous ? Il fait chaud, il y a des barbelés tout
autour. Un chantier transformé en camp, voilà ce que c'est Drancy. Nous vivons dans des
conditions terribles, les lits ne sont pas confortables, les murs sont en béton, les sols sont en béton,
nous n'avons pas d'intimité, nous sommes oppressés par un nombre incalculable de personnes. Des
enfants en train de pleurer, des adultes en dépression. Où sommes-nous et pourquoi ? J'ai souvent
changé d'escalier depuis mon arrivée dans cet endroit horrible. Certes, les pièce sont ouvertes mais
nous somme enfermés comme dans une sorte de prison.
En descendant de mon escalier, j'aperçois ma soeur, ses enfants puis son mari, mon regard se vide,
des larmes coulent. C'est un rêve éveillé que je suis en train de vivre. J'ai couru les embrasser de
toutes mes forces. Moi qui pensais que je n'allais plus les voir, je suis tellement ému de les voir que
je n'arrive pas à m'exprimer."
Adolphe Feinstein avec son neveu et sa nièce Marcel et Suzanne Coifman 1939-1940 © Collection particulière Annie Esterzon
L'autre classe de 3? a participé au Concours National de la Résistance et de la Déportation sur le thème de "École et Résistance" en étudiant la personnalité et l'engagement du Père Jacques, du Petit Collège d'Avon, situé à proximité du Mée-sur-Seine. Elle se rend le 17 novembre 2022 à Avon, au Mémorial dédié à cette figure, dans le Petit Collège, où les élèves et leurs enseignants sont accueillis par Maryvonne Braunschweig qui a écrit un livre sur les déportés de Seine-et-Marne.
Le groupe s'est également rendu au Mémorial de la Shoah à Paris et aux Archives départementales à Dammarie-les-Lys. Les élèves ont conçu et joué une pièce de théâtre intitulée "Continuez sans moi" qui illustre le moment où le Père Jacques et les enfants juifs du Petit Collège sont arrêtés par la Gestapo, le 15 janvier 1944. Dans cette scène, les derniers mots du Père Jacques sont " Au revoir les enfants, continuez sans moi". C'est cet épisode tragique de la Seconde guerre mondiale qui est retracé dans le célèbre film de Louis Malle "Au revoir les enfants".
La pièce "Continuez sans moi" a reçu un prix au CNRD (2? du département de Seine-et-Marne).
Arbre généalogique Adolphe Feinstein © Collège Jean de La Fontaine
Ce projet pédagogique du collège Jean de La Fontaine du Mée-sur-Seine, qui s’inscrit dans un travail interdisciplinaire Français, Histoire, documentation, a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Dispositif imaginé par les élèves pour représenter Paulette, faute de photos © Collège Jean de La Fontaine