Parcours du "mur de la frontière" (Haute-Savoie-Suisse) - Ville-La-Grand

À partir d'octobre 2019, le collège lycée Saint-François de Sales "le Juvénat" situé à Ville-La-Grand, près d’Annemasse en Haute-Savoie s’est engagé dans un projet pédagogique et mémoriel de mise en valeur de son patrimoine historique et des actions des Pères missionnaires de Saint-François de Sales.

Quatre d'entre eux ont été nommés Justes parmi les nations par l'État d'Israël - le Père Louis Favre, résistant, fusillé par la Gestapo en juillet, 1944, le Frère Raymond Bocard, le Père Pernoud et le Père Frontin, directeur du Juvénat. Pendant toute la durée de la Seconde Guerre mondiale, profitant de la situation géographique du Juvénat dont le mur d'enceinte correspond au tracé de la frontière entre la France et la Suisse ; ces quatre hommes ont permis le passage en Suisse de nombreuses familles juives — plus de 2 500 personnes au total, venues de la zone occupée mais aussi de Belgique. C'est dans cette petite ville frontalière de Ville-La-Grand qu'ont aussi été assassinés en juillet 1944 la jeune Résistante juive Marianne Cohn et 5 de ses camarades. 

Le projet pédagogique a débuté par la réhabilitation de la cabane du Frère Raymond Boccard, le jardinier du Juvénat, qui avait la fonction de guetteur au moment des passages : il se postait à une fenêtre, dans les étages du bâtiment du Juvénat (remplacé aujourd'hui par une construction moderne basse) et agitait son béret quand la voie était libre entre deux patrouilles allemandes. Les personnes fuyant les persécutions ne disposaient alors que de 2mn pour franchir le mur d'enceinte avec une échelle, aidées par les missionnaires salésiens. Ce mur, qui s'était dégradé au fil des années, a été rénové dans le cadre du projet mémoriel.

En parallèle de cette réhabilitation du patrimoine historique, les élèves de 3^e sont engagés chaque année depuis 2019 dans des recherches et des productions - notamment des dessins - faisant appel à des compétences interdisciplinaires, encadrés par leurs enseignants d'Histoire, Nadia Munier et Louise Douze.

Grâce à l'apport d'historiens - Ruth Fivaz-Silbermann, Nicole Giroud et Gwenaël Morio -, et le recours à une agence de conception muséographique, ces travaux de recherche des élèves ont été formalisés et ont abouti à la conception de 16 panneaux illustrés, répartis en quatre pôles, détaillant les actions de résistance et de sauvetage des Juifs, et aussi de résistants et de réfractaires au STO, mettant en valeur la personnalité des quatre religieux. 

Ce parcours mémoriel pédagogique intitulé le "Parcours du mur de la frontière", a été inauguré en mai dernier. Il est ouvert en priorité aux scolaires mais aussi au public, notamment à l'occasion des Journées Européennes du Patrimoine et chaque premier samedi du mois sur réservation. 

Les collégiens et les lycéens du Juvénat, à qui une visite de la maison d'enfants d'Izieu est proposée chaque année, sont ainsi devenus des acteurs de la préservation de la mémoire et du patrimoine de leur région. Ils sont également formés pour être médiateurs conférenciers du parcours afin d'expliquer l'histoire héroïque de leur école aux visiteurs, notamment lors des Journées Européennes du Patrimoine.

►Pour en savoir plus : consulter le site de l'association, créé par l'enseignante Mme Fond, "Parcours du Mur de la frontière". 

Ce projet pédagogique a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Le Parcours mémoriel est ouvert au grand public tous les premiers samedis du mois. 

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