Lutte contre l'antisémitisme | Publication
La revue K. a 18 mois : bilan d'étape
La revue "K. Les Juifs, l'Europe, le XXIe siècle" diffusée sur internet a été créée pour explorer et analyser le phénomène de la présence juive en Europe et de l’antisémitisme. Dix-huit mois après son lancement, elle s'est imposée comme une voix de référence sur ces sujets. Bilan d'étape avec Stéphane Bou, son rédacteur en chef.
La revue K diffusée sur internet a été créée pour explorer et analyser le phénomène de la présence juive en Europe et l’antisémitisme. Dix-huit mois après son lancement, elle s'est imposée comme une voix de référence sur ces sujets. Bilan d'étape avec Stéphane Bou, son rédacteur en chef.
18 mois après le lancement de la revue "K. Les Juifs, l'Europe, le XXIe siècle", quel bilan tirez-vous ?
Nous sommes fidèles aux intentions de départ, celles de créer une revue en ligne qui explore le phénomène de la présence juive en Europe, et de son corollaire, l’antisémitisme. Nous avons été surpris par le nombre élevé de propositions de textes et de demandes liées à nos sujets. Nous publions toujours 3 textes inédits par semaine, en veillant à garder un équilibre entre des formats différents : grands entretiens, reportages, textes d’analyse, et parfois de la fiction…
Nous avons désormais un corpus de 180 à 200 textes, par plus d’une centaine d’auteurs qui viennent de France et d’Europe, mais aussi des États-Unis et d’Israël. Les archives que nous avons déjà constituées nous permettent de remettre en avant des textes déjà publiés quand l’actualité nous y invite, comme, par exemple, avec celui sur l’antisémitisme à Malmö que nous avons récemment ressorti à l’occasion des dernières élections législatives en Suède qui a vu l’extrême droite arriver au pouvoir.
La Une du site de la revue K.
Quelle est votre audience ?
Nous avons 10 000 abonnés à la Lettre hebdomadaire et certains de nos articles peuvent être très relayés quand ils répondent à un besoin d’éclairage sur une actualité particulière. D’autres marchent mieux que d’autres, sans que l’on comprenne toujours bien pourquoi : "Pourquoi l’Islande résiste à enseigner l'histoire de la Shoah" par exemple, ou "Reste-t-il encore des Juifs en Algérie ?"
Nous cherchons à la fois à toucher un public large, et un autre plus averti. Nous avons d’ailleurs des contacts étroits avec des chercheurs et des universitaires, et un partenariat avec un laboratoire de sociologie et philosophie politique de l’EHESS comme avec le département des études juives de Lausanne.
Nous sommes la seule revue européenne sur ces sujets et nous tenons à cette échelle, même si elle est parfois difficile à tenir. Dans certains pays, la communauté juive est tellement réduite (je pense notamment aux pays des Balkans) qu’elle a besoin de se connecter à un réseau plus large pour élargir sa réflexion et son expérience.
La prochaine étape, c’est le regroupement d’articles sur une même thématique, qui seront publiés sous forme de livres publiés aux éditions de l’Antilope, à raison de 3 volumes par an, dans la "Collection K".
Comment percevez-vous votre rôle dans la lutte contre l’antisémitisme ?
Depuis 18 mois, nous avons été frappés de constater à quel point l’actualité de l’antisémitisme est venue "percuter" notre projet, et même le déborder. Nous avons publié des articles qui traitaient différemment des questions d’antisémitisme, telles qu’elles ont surgi dans l’actualité récente : l’absence de procès pour le meurtrier de Sarah Halimi, le phénomène Zemmour, l’ancien patron du Labour en Grande-Bretagne Jérémy Corbyn invité par la NUPES au moment des élections législatives, l’Ukraine, la définition de l’antisémitisme par l’IHRA… Certains de nos articles ont été très partagés, car nous avons proposé un angle original pour aborder ces questions. Nous étions par exemple les seuls à avoir lu le rapport du Labour sur la complaisance de Corbyn à l’égard de l’antisémitisme et à en rendre compte.
Je crois que nous sommes désormais reconnus comme une voix nouvelle sur ces sujets et sollicités en tant que tels. Nous constatons que l’antisémitisme est une question lancinante, qui sous-tend beaucoup d’autres sujets, comme la mémoire de la Shoah. Nous avons d’autant plus besoin de comprendre ce phénomène que nous sommes dans un contexte historique particulier : l’Europe est une région du monde où la présence juive n’a cessé démographiquement de s’affaiblir. Dans le premier numéro, l’historien-démographe Sergio Della Pergola rappelait que les juifs d’Europe représentaient 90% des Juifs du monde au Moyen-Age et 9% aujourd’hui. Le judaïsme européen est devenu un petit monde entre les deux entités que sont Israël et les États-Unis. La question de la voix qu’il peut encore faire porter est plus brûlante que jamais.
Les soutiens de la revue K.
La revue K reçoit le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.