Aide aux survivants | Projet pédagogique
De Bouche à Oreille, les rencontres intergénérationnelles se poursuivent
De Bouche à Oreille est un programme de rencontres entre jeunes et aînés d'origine juive mis en place par la Fondation Casip-Cojasor. L'objectif est double : assurer la transmission des mémoires plurielles du monde juif et créer un lien fort entre les générations.
De Bouche à Oreille est un programme de rencontres entre jeunes et survivants de la Shoah mis en place par la Fondation Casip-Cojasor. L'objectif est double : assurer la transmission de l'histoire du génocide et créer un lien fort entre les générations.
Pour sa 10e édition, ce projet a été mené avec les élèves de Première ES4 et l’équipe enseignante du lycée Montaigne, à Paris.
Le Pôle "Séniors et survivants de la Shoah" du Casip-Cojasor a organisé, en partenariat avec la direction de l'établissement, la venue de dix rescapés afin qu'ils puissent dialoguer avec les élèves et leurs professeurs.
Rosette Frydman, ancienne enfant cachée, partage son histoire avec un petit groupe d'élèves du lycée Montaigne, à Paris. Photo : Casip-Cojasor
Des témoignages sous forme de rencontres
Après un travail préparatoire mené avec leurs professeurs, les élèves ont pu interroger les témoins lors de trois rencontres d'environ 1h30 réparties sur l'année scolaire. Ils ont découvert leurs parcours variés, souvent mouvementés, durant la Seconde Guerre mondiale. Cette découverte en prise directe favorise une meilleure compréhension de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale et des notions de persécution ou de migration.
Sous forme de discussion informelle, les témoins racontent leur parcours aux élèves, répartis par groupes de deux ou trois. Ces rencontres permettent des échanges très libres. Certaines personnes âgées livrent ainsi leur témoignage pour la première fois, devant des lycéens attentifs qui utiliseront leur récit dans le cadre d'un véritable projet pédagogique mémoriel.
Cette expérience m'a beaucoup apporté : c'est important de transmettre l'histoire de la Shoah, et il y avait une très bonne écoute dans le petit groupe que j'ai rencontré. Les élèves étaient très intéressées, n'hésitaient pas à poser des questions. Ce projet a été très enrichissant pour moi aussi.
Rosette Frydman, enfant cachée
Chaque séance fut particulière, car aucune ne se ressemblait. Lors de la première, il y avait un peu d’appréhension de chaque côté de la table, qui s’est d’ailleurs vite dissipée, et nous avons fait connaissance. Lors de la seconde, nous sommes entrés dans le vif du sujet. En revanche, la dernière séance avait un aspect plus intime, plus personnel, car M. Apelroit nous a livrés des détails émouvants de sa vie, des anecdotes, et il fut difficile de le quitter à la fin des deux heures de conversation.
Tom, élève
Créer un lien entre les générations
Chaque groupe d'élèves travaille ensuite à l'élaboration d'un livret de restitution. Un travail très impliquant, d'un point de vue émotionnel et par la réflexion qui le sous-tend, que le Casip-Cojasor valorise chaque année en éditant un recueil de ces retranscriptions.
Au-delà du travail scolaire et du recueil de témoignages, des liens forts peuvent se tisser au gré de ces rencontres, qui perdurent souvent dans le temps.
Pour ces témoins, qui pour la plupart ont pendant des décennies gardé enfouis au plus profond d’eux-mêmes les événements tragiques qu’ils avaient vécus, cette prise de parole est sans nul doute une forme de libération. Dans leurs échanges avec leurs jeunes interlocuteurs, elle marque aussi le début d’une chaîne de transmission qui jamais ne devra s’interrompre. Elle permet aussi, tout simplement, des moments de joyeuse complicité et, pour nos jeunes, de belles leçons de vie.
Joël Bianco, proviseur du lycée Montaigne