Culture juive | Film

Splendeurs et misères de la maison Camondo - Ruth Zylberman

La réalisatrice part sur les traces des membres de la célèbre et fascinante famille Camondo, surnommés les "Rothschild de l’Orient" et dont seules survivent aujourd’hui l'histoire tragique et les exceptionnelles collections que ces grands amateurs d’art léguèrent à la France. 

Diffusion : dimanche 5 octobre 2025 à 23h05 sur France 5

L’histoire de la famille Camondo débute à Venise, s’épanouit à Istanbul et Paris et s’achève tragiquement à Auschwitz-Birkenau. Leur demeure parisienne, au 63 rue de Monceau, devenue le musée Nissim de Camondo, est un lieu unique, chargé de mémoire et d’émotion.

Dans un documentaire sensible, souvent tourné caméra à l’épaule comme pour remettre de la présence humaine dans un musée aux décors figés depuis près d'un siècle, Ruth Zylberman redonne vie à cette maison, mêlant interventions de quelques spécialistes (Pierre Assouline, Edmund de Waal...) qui se font guides du lieu, et dialogue imaginaire avec Moïse de Camondo, dans un commentaire où elle l’interpelle en le tutoyant. 

Famille juive sépharade prospère d’Istanbul, les Camondo s’installent à Paris en 1870, espérant s’intégrer pleinement à la société française. Moïse devient un dandy en vue à Paris, avant d'hériter de la banque familiale avec son cousin Isaac. Tous deux deviennent de grands collectionneurs d'art et d'objets précieux. Isaac décède prématurément en 1911, léguant plus de 850 œuvres au Louvre dont de nombreux Manet, Cézanne, Picasso, Degas… qui remplissent aujourd'hui les collections du musée d'Orsay. Moïse fait un mariage arrangé avec Irène Cahen d'Anvers, qui lui donne deux enfants, avant de divorcer et d'être écartée des deux familles. 

Moïse se retire de la vie mondaine, fait construire un hôtel particulier dans le style du XVIIIe siècle, qu’il remplit d’objets d’art. En 1917, La mort de son fils Nissim au front pendant la Première Guerre mondiale transforme la maison en mausolée. Vivant comme dans une "forteresse entretenant l’illusion de la permanence du monde", Camondo reste sourd à la montée du péril antisémite des années 1930. Il meurt en 1935, après avoir légué sa maison et sa collection intactes au Musée des Arts décoratifs, à la condition que rien ne soit modifié. Le musée est inauguré en 1936, en présence de Béatrice.

Sous l’Occupation, Béatrice tente de faire valoir les mérites de sa famille auprès des autorités de Vichy, en rappelant leurs dons et leur fidélité à la France. En vain. Bousquet, l’un des hauts responsables du régime de Vichy, s’installe même dans l’immeuble voisin. Malgré sa conversion au catholicisme, Béatrice est arrêtée avec sa fille. Internée à Drancy avec elle, elle voit arriver son fils et son ex-mari arrêtés en essayant de fuir Paris. Ils seront tous les quatre déportés à Auschwitz-Birkenau entre novembre 1943 et mars 1944, d'où aucun ne reviendra.

Le musée, resté intact, rouvre en 1945. Il est aujourd'hui le témoin silencieux de cette histoire tragique, incarnant la mémoire d’une famille disparue, mais dont le nom demeure dans la pierre, ainsi que l'avait souhaité et écrit, au XIXe siècle, le fondateur de la dynastie. 

Splendeurs et misères de la maison Camondo - Ruth Zylberman

Documentaire de 90 mn · France · Production Zadig Productions et SGM Projects.

Ce film a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. 

Diffusion 

Dimanche 5 octobre 2025, 23h05 sur France 5

Splendeurs et misères de la maison Camondo - Ruth Zylberman