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Em Habanim Seme’hah. Comme une mère attend ses enfants - Yissachar Shlomo Teichtal
Témoin puis victime de la Shoah, le rabbin Teichtal connut un sursaut de conscience. Sans renier ses convictions religieuses ni son obédience ultra-orthodoxe, il écrivit cet ouvrage dans lequel il met en cause l’attitude de rejet manifestée par les leaders du judaïsme orthodoxe face au sionisme laïque.
Témoin puis victime du cataclysme qui s’est abattu sur le peuple juif, le rabbin Teichtal connut un sursaut de conscience durant la Seconde Guerre mondiale. Sans rien renier de ses convictions religieuses et de son obédience ultra-orthodoxe, il écrivit cet ouvrage dans lequel il met en cause l’attitude de rejet manifestée par les leaders du judaïsme orthodoxe face au sionisme laïque.
Au moment où le projet d’un état juif avait été ébauché, le judaïsme orthodoxe avait en effet manifesté une vigoureuse opposition à une entreprise tenue par certains pour une forme d’hérésie, dans la mesure où elle n’était pas sous-tendue par des convictions religieuses.
Témoin du massacre de ses frères, le rabbin Teichtal professa l’idée que si les leaders religieux d’Europe centrale avaient exhorté leurs fidèles à se rendre dans le foyer national juif en Palestine lorsqu’il était encore temps, de nombreuses vies emportées par la barbarie nazie auraient peut-être été épargnées.
Dans le sillage de cette remise en question, l’auteur dénonce, de façon générale, l’attitude de rejet des Juifs laïques manifestée par certains courants orthodoxes. Aidé d’une érudition sans faille, étayant son propos de nombreuses références issues de tout l’horizon de la tradition juive (Bible, Talmud, Midrach, codes de lois, kabbale), il affirme que la tradition juive fait aux Juifs religieux un impérieux devoir d’aimer ceux de leurs frères qui ne partagent pas leurs convictions et qu’ainsi, ceux qui ont entrepris de fonder un foyer juif sur la terre de leurs ancêtres méritent l’estime et la considération, même si la conviction et la pratique religieuses leur font défaut.
Cet ouvrage constitue ainsi un hymne à la tolérance et à la fraternité. De plus, par-delà toute conviction politique, l’ouvrage se veut également une exaltation de la terre d’Israël et de la place centrale qui est la sienne dans le destin du peuple juif. Le rabbin Teichtal mourut en 1945, assassiné dans le train qui l’évacuait d’Auschwitz vers Mauthausen.
Traduit par Schlomoh Brodowicz, ce livre a été publié avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.