Les 70 ans de l'Accord de Luxembourg sur les réparations allemandes

Par l’Accord de Luxembourg du 10 septembre 1952, le gouvernement de la RFA s’engage à verser à Israël une indemnisation conséquente pour l'accueil des réfugiés ainsi qu'à la Jewish Claims conference pour la reconstruction des communautés juives ainsi que pour des indemnisations individuelles, reversées jusqu'à aujourd'hui.

Commémoration des 70 ans de la signature de l'Accord de Luxembourg : samedi 10 septembre 2022

À partir de mars 1952, à l’hôtel Oud Castel, aux Pays-Bas, les délégués du gouvernement de la RFA, du jeune état israélien et du Congrès juif mondial et de la Jewish Claims conference, fondée un an plus tôt, abordèrent une question délicate - les indemnisations allemandes pour la persécution des Juifs par les nazis - dans une atmosphère glaciale, comme l’un des participants, Benjamin B. Ferencz, Américain d’origine hongroise, aujourd’hui âgé de 102 ans, procureur en chef du procès des Einsatzgruppen de Nuremberg après la guerre et alors conseiller juridique de la Jewish Claims Conference, l’exprimera en 1971 : 
"Que voulez-vous dire quand vous êtes assis à une table en face de représentants d’un gouvernement qui a essayé d’assassiner tous les Juifs ?" Même si le gouvernement Adenauer n’avait évidemment pas mis en place la Shoah, il représentait aux yeux de nombreux survivants les coupables d’autrefois.

Les négociations furent difficiles. Elles aboutirent finalement le 10 septembre 1952, il y a 70 ans. Ce jour-là, le chancelier fédéral Konrad Adenauer, le président du Congrès juif mondial et président de la Jewish Claims Conference Nahum Goldmann et le ministre israélien des Affaires étrangères Moshe Scharet signèrent au Luxembourg un accord encore considéré aujourd’hui comme exemplaire. La République fédérale s’engagea à verser à Israël une indemnisation globale de trois milliards de marks, correspondant à un neuvième du budget fédéral de l’époque. La Jewish Claims Conference reçut, elle, 450 millions supplémentaires pour la reconstruction des communautés juives dans le monde entier. La République fédérale s’engagea également à améliorer l’indemnisation individuelle des victimes juives du nazisme. 

Cet accord a permis à Israël, alors dans une situation économique fragile, d'accueillir les milliers de réfugiés européens et à la Claims conference de développer son ambition programme d'aides aux survivants dans tous les pays victimes de la Shoah et notamment en France. 

L’accord de Luxembourg est aussi devenu l’incarnation et le prélude au "miracle de la réconciliation" évoqué par le président allemand Frank-Walter Steinmeier en 2020 au mémorial israélien de la Shoah Yad Vashem

 

Une partie de cet article est inspiré par celui, complet et éclairant, de l'historien allemand Constantin Goschler dans la revue en ligne "K, Les Juifs, l'Europe, le XXIe siècle" qui revient en particulier sur le climat et les controverses entourant l'accord de Luxembourg.

La photo de la signature de l'accord de Luxembourg, le 10 septembre 1952, montre les visages figés des participants. @DR

La photo de la signature de l'accord de Luxembourg, le 10 septembre 1952, montre les visages figés des participants. @DR

"La Claims Conference n'aurait pas pu mener à bien ses programmes d'aides aux survivants si ses dirigeants n'avaient pas négocié avec l'Allemagne en 1952. Soixante-dix ans plus tard, environ 1,2 milliard de dollars en prestations d'indemnisation et de protection sociale ont été obtenus pour les survivants de la Shoah en 2023."

Greg Schneider, vice-président et directeur général de la Claims Conference 

Le 10 septembre 2022, Gideon Taylor, président de la Claims Conference et le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, commémorent la signature de l'accord de Luxembourg, 70 ans plus tôt. @DR.

Le 10 septembre 2022, Gideon Taylor, président de la Claims Conference et le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, commémorent la signature de l'accord de Luxembourg, 70 ans plus tôt. @DR.