Bilan du Plan France pour les survivants de la Shoah 2020-2024

Lancé en 2020 par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah pour permettre aux victimes de persécutions antisémites pendant la Seconde Guerre mondiale de bénéficier pleinement des programmes d’aide à domicile financés par la Claims Conference, le Plan France a largement atteint ses objectifs en 2024 et, en 2025, de nouvelles perspectives sont envisagées. 

2020-2024

Le "Plan France en faveur des Survivants de la Shoah" a été mis en place entre 2020 et 2024 afin de permettre un changement d’échelle dans les financements de la Claims Conference pour les survivants français de la Shoah. En effet, alors que la France est le troisième pays dans le monde après Israël et les États-Unis en termes de nombre de survivants, elle était considérablement moins bien dotée budgétairement que ces pays et que bien d’autres, qui comptent pourtant moins de survivants sur leur territoire  : Canada, Australie, Hongrie, Royaume-Uni, pour ne citer que les plus importants.

Pour mémoire, outre les programmes d'indemnisation pour les enfants cachés en Europe et les victimes de persécutions antisémites en Afrique du Nord, la Claims conference négocie chaque année avec le gouvernement allemand des programmes sociaux de maintien à domicile (heures complémentaires par rapport aux plans publics et aide sur le "reste à charge" pour l'aide à domicile). L’objectif est de privilégier une fin de vie qui se déroule le plus longtemps possible dans l'environnement de la personne âgée, avec un accompagnement pouvant aller jusqu’à 24h/24 pour certains bénéficiaires qui ne peuvent plus sortir de chez eux. 

En France, trois agences sont chargées de mettre en œuvre ces programmes, CASIP,  CASIM et Adiam solidarité, afin de couvrir les besoins des survivants sur tout le territoire. 

Or, seule une minorité de victimes de persécutions antisémites pendant la Seconde Guerre mondiale ont fait connaître leurs besoins auprès de ces trois agences. 

Le Plan France visait ainsi à élargir la couverture en maintien à domicile - "homecare " - en France avec deux objectifs : le doublement du nombre de survivants aidés à ce titre et le doublement des budgets en France, toutes agences confondues.  

Pour ce faire, la stratégie adoptée a été d’agir sur plusieurs leviers, en s’appuyant sur une implication importante de la FMS, par le biais d’une enveloppe dédiée et d’une action d’animation du réseau afin de : 

  • mieux informer sur l’existence des dispositifs d’indemnisation et de prise en charge à domicile de la Claims conference et mobiliser des réseaux de proximité ;
  • mieux doter les agences françaises en personnel pour qu’elles puissent évaluer et enregistrer les Survivants repérés dans le cadre de cette campagne de communication ;
  • enclencher si besoin une prise en charge financière pour démarrer le maintien à domicile ;
  • permettre des échanges et une plus grande coordination des agences entre elles, au sein d’un comité opérationnel (auquel a été associé le service Passerelles du FSJU) ;
  • renforcer les échanges avec la Claims Conference, en particulier pour la prise en compte de la situation particulière de la France, où vivent un nombre important d’anciens enfants cachés ou orphelins (et donc une population éligible aux aides en nombre encore élevé par rapport à la majorité des autres pays).
Bilan et perspectives du Plan France 2020-2025

Illustration d'Émilie Boudet

Les résultats du Plan France

Quatre ans après le lancement du Plan France, il y a deux fois plus de survivants en France qui sont aidés sur fonds Claims Conference pour l'aide à domicile.  

Ainsi, à Marseille, et sur toute la région PACA, les résultats des efforts menés ces trois dernières années sont spectaculaires : le nombre des bénéficiaires d'aide à domicile sur fonds Claims a quadruplé, atteignant près de 600 personnes à Marseille et 1000 sur l'ensemble du sud de la France  (PACA, Occitanie, Nouvelle Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes).  

Les objectifs ont également été dépassés sur les budgets qui ont été démultipliés : les trois agences françaises qui redistribuent les aides, Casip-Cojasor, Adiam et Casim ont obtenu pour 2025 des budgets leur permettant de mieux répondre aux survivants identifiés. 

Par ailleurs, les négociations avec l'Allemagne portaient aussi sur la possibilité pour les survivants d'avoir plus de choix. La Claims a annoncé qu'un nouveau programme allait se mettre en place en France, le  "cash for services"  : il s’agit de substituer, sous certaines conditions, notamment d’autonomie, aux aides existantes apportées par les opérateurs, une aide financière directement versée au survivant, qui pourra être utilisée aussi bien pour de l’aide à domicile que pour d’autres besoins. Le programme se mettra en place progressivement, et n'a pas vocation à remplacer les services existants qui restent nécessaires pour bien accompagner les survivants. 

L'information des survivants se poursuit. La Claims conference a ainsi mis en place, dans plusieurs pays, pour le public prioritaire des bénéficiaires les plus défavorisés et qui ne touchent pas de rente (en France, à titre principal, les victimes de persécutions antisémites ayant vécu en Afrique du Nord pendant la Seconde Guerre mondiale), une aide financière pour des achats alimentaires (dite BNF "Basic needs Fund") ; cette aide est à demander en ligne avant le 31 juillet 2025 et sera distribuée via les agences avant la fin de l'année 2025.

Il reste encore à faire : si la France représente la troisième communauté de survivants dans le monde, après Israël et les États-Unis, beaucoup des personnes ayant survécu, en particulier les bébés et les jeunes enfants, n'ont pas encore fait valoir leurs droits à une indemnisation. Et sur les 22 000 victimes de persécutions antisémites pendant la Seconde Guerre mondiale identifiées, environ 10% seulement sollicitent de l'aide à domicile

Faire connaître ces dispositifs est donc essentiel pour permettre une meilleure prise en charge des survivants de la Shoah, à l'heure où ils vieillissent et ont de plus en plus besoin de soutien à domicile.