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Holocaust Memory and the Cold War - Anna Koch & Stephan Stach
En mettant l'accent sur le rôle essentiel de la Guerre froide dans la formation de la mémoire de la Shoah, ce livre met en évidence comment le conflit mondial entre l'Est et l'Ouest a influé sur la recherche, les procédures judiciaires et les mémoires collectives et individuelles du meurtre des Juifs d'Europe. Cet ouvrage collectif, coordonné par les historiens Anna Koch et Stephan Stach, est composé des contributions de douze chercheurs, rattachés à différentes universités européennes ou israéliennes.
Avant même la fin de la Seconde Guerre mondiale, des survivants, des historiens, des écrivains et des artistes ont tenté de donner un sens à la Shoah. Pour ce faire, ils se sont appuyés sur les systèmes de croyance et les récits existants qui, à mesure que la confrontation entre les Blocs s'intensifiait, étaient de plus en plus façonnés par la pensée de la Guerre froide. En mettant l'accent sur le rôle essentiel de la Guerre froide dans la formation de la mémoire de la Shoah, ce livre met en évidence comment le conflit mondial entre l'Est et l'Ouest a influé sur la recherche, les procédures judiciaires et les mémoires collectives et individuelles du meurtre des Juifs d'Europe. Il rassemble des contributions portant sur différentes parties du monde, de l'Union soviétique à l'Europe de l'Est, en passant par Israël et les États-Unis, qui révèlent les points communs, les différences et les enchevêtrements entre les mémoires orientales et occidentales de la Shoah.
Les contributions à ce volume examinent comment les intérêts politiques ont influencé la commémoration à l'Est et à l'Ouest. En examinant la mémoire de la Shoah à partir de différentes perspectives disciplinaires, les auteurs soulignent les diverses façons dont les chercheurs, les écrivains, les artistes et les survivants se sont opposés et ont contribué aux récits dominants façonnés par des positions idéologiques opposées.
Si ces positions idéologiques distinctes ont souvent joué un rôle important, à d'autres moments, c'est un intérêt commun qui a prévalu : intérêt à traduire les auteurs en justice, à commémorer les victimes et à témoigner des atrocités commises à l'encontre des Juifs d'Europe. C'est cet intérêt commun qui a conduit à la coopération et à l'échange à travers le Rideau de fer.
L'accent est mis dans ces contributions sur les dimensions internationales et transnationales ce qui permet d'éviter les récits trop nationaux. Il s'agit d'une contribution à un travail plus vaste en cours : l'intégration de la Shoah dans l'histoire générale.
Le projet arrive à point nommé, car les enjeux augmentent en raison de la guerre russe contre l'Ukraine au nom de l'antifascisme, et des diverses tentatives de retour aux récits nationaux.
Cet ouvrage collectif, coordonné par Anna Koch, ancienne boursière de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, et par l'historien allemand, Stephan Stach, est composé des contributions de 12 chercheurs, rattachés à différentes universités européennes ou israéliennes. Parmi ces chercheurs, Simon Perego, Irina Tcherneva et Vanessa Voisin sont également d'anciens boursiers de la Fondation, et Nadège Ragaru, membre de la commission Recherche sur l'histoire de l'antisémitisme et de la Shoah.
Cette publication, qui s'insère dans la collection "Rethinking The Cold War" (Repensons la Guerre froide), paraitra en anglais lundi 21 octobre 2024 aux éditions De Gruyter à Berlin, a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
"The last way" de Yosef Kuzlovski, 1948 - huile sur toile, 300x160 - chapitre d'Irina Tcherneva, p223.