Culture juive | Publication

Cosmopolite - Stefan Zweig

La publication de ce livre permet d’éclairer d’un jour nouveau l’identité juive de Stefan Zweig grâce à ces lettres largement inédites. On y découvre la part juive de l’identité de Zweig alors qu’il venait d’une famille totalement assimilée et qu’il a très peu écrit directement sur les Juifs, dans ses nouvelles ou ses biographies historiques qui l'ont rendu célèbre. On y découvre par exemple l’admiration de Zweig pour Herzl ou ses liens avec Martin Buber.

Parution : vendredi 4 octobre 2024, Les éditions du Portrait

Dans ses lettres, Stefan Zweig se confie à Theodor Herzl, le fondateur du sionisme politique, que Zweig a considéré un temps comme son maître et Martin Buber, philosophe religieux, éditeur d'une revue dans laquelle Zweig jusqu'à la 1ère guerre mondiale publiait ses premiers textes,  Sigmund Freud,  Chaim Weitzman, le futur premier président de l'État d'Israël, Franz Werfel, Einstein, son éditeur Kippenberg, Max Brod, Egon Zweig, Viktor Fleischer, etc… sur ce qu’est, pour lui, la judéité. Il partage également ses inquiétudes nées de l’antisémitisme et des persécutions que subissent les Juifs, notamment en Galicie, annexée par les Russes pendant la guerre.

Ces lettres ressemblent à des dialogues intérieurs et montre les évolutions de la pensée de Zweig avec les années, les évolutions géopolitiques. En les lisant, on se rend compte que la judaïté de Stefan Zweig est celle qui traverse son œuvre : une pensée universelle, laïque qui cherche à comprendre les ressorts de l’âme humaine. Elle a simplement perdu avec l’entrée dans le XXᵉ siècle son ancrage religieux comme l’ont voulu, à cette époque, les Juifs d’Allemagne ou d'Autriche.

Les lettres sont divisées en trois parties et sont introduites à chaque fois par un texte de Stefan Litt, historien, conservateur à la Bibliothèque nationale d’Israël, qui les resitue dans l’Histoire et l’histoire de Stefan Zweig.

1900-1918 - 18 lettres : "Je ne veux pas trop m’attacher à une idée précise de la judéité. Car elle fluctue en moi au gré de la marée montante et descendante".

1920-1932 - 30 lettres : "La judaïté connaît aujourd’hui un tournant, ce qui l’expose à tous les dangers".  

1933-1941 - 72 lettres : "Je continue de penser qu’on ne peut combattre la sale engeance hitlérienne qu’en écrivant de bons livres."

Cosmopolite -Stefan Sweig

Cet ouvrage, publié en 2020 en Allemagne et en 2022 en Italie, rassemble 120 lettres dont 69 inédites. Traduit en français par Frédérique Laurent, il comporte, en postface, une note de Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l'Open University of Israel et membre de la commission Histoire de l'antisémitisme et de la Shoah

Dans sa note, intitulée "Le sionisme de Stefan Zweig", il rappelle que Zweig était proche du sionisme culturel ou éthique qui "percevait le retour à Sion comme une force intellectuelle capable de rénover le judaïsme en le mettant à l'épreuve de la cité, de la communauté (le kibboutz) et du peuple voisin (l'Arabe-palestinien", redoutant "la réduction potentielle du sionisme à un nationalisme obtus". 
Zweig, qui se donna la mort avec sa femme en 1942 au Brésil, désespéré par le naufrage de la civilisation européenne et le massacre des Juifs du continent, avait concernant le sionisme une vision prophétique comme il l'avait eu sur l'évolution politique de l'Autriche. 

 

Cette parution aux éditions du Portrait a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.