Questions à Samuel Lejoyeux sur les actions de l'UEJF dans le contexte de l'après 7 octobre 2023

Comment l'UEJF parvient-elle à faire vivre les programmes de fond, de formation pédagogique notamment soutenus par la Fondation, alors que depuis le 7 octobre l'organisation et vous-même apparaissez sous les feux des médias comme des sortes de "pompiers" mobilisés chaque jour pour éteindre un nouvel incendie ?

Il est très important, pour les étudiants comme pour nos partenaires, que nous continuions à faire les deux en parallèle. Nous devons lutter au quotidien contre des attaques antisémites de plus en plus violentes. À de rares exceptions, nous parvenons malgré tout à dialoguer avec les responsables des établissements du supérieur.  Être dans l'action, montrer que nous n'allons pas nous taire est indispensable à l'heure actuelle, mais ce n'est pas incompatible, bien au contraire, avec le fait de tisser des liens avec tous nos interlocuteurs, de continuer nos formations pédagogiques, pour lesquelles nous sommes soutenus par la FMS. D'autant que nous connaissons depuis quelques mois un afflux de nouvelles adhésions et nous avons créé cinq nouvelles sections. Ces étudiants qui nous rejoignent doivent être formés. 

Est-ce que vos formations ont dû s'adapter au contexte actuel ?

Ce n'est pas la première fois que nous devons nous adapter, pendant la période du Covid et du post Covid cela avait déjà dû être le cas. Depuis le 7 octobre, nous avons ressenti la nécessité de prévoir des moments d'écoute pendant nos formations. Ces groupes de parole permettent aux étudiants d'exprimer leurs angoisses. Le deuxième point est que nous travaillons plus que jamais le fond, l'argumentation et la contre argumentation pour savoir comment répondre à ceux qui nous attaquent et surtout aux indécis. Par ailleurs, les présidents de section font remonter leurs besoins, et la direction cherche à y répondre d'une façon adaptée, avec l'aide de nos formateurs. 

Comment l'UEJF a -t-elle réagi aux chiffres publiés dans le journal le Monde du 25 mars ? (voir article ci-dessous)

Ce chiffre de 67 actes antisémites relevés dans les établissements du supérieur me semble étonnant, je dirais odieusement sous-estimé ; par exemple, les tags antisémites ne sont pas comptés. Comme dans la société en général, il y a une grande minimisation des actes antisémites. Dans les universités, il y a un énorme travail de remontées de terrain à faire, d'autant que l'UEJF n'est pas présent sur tous les campus. 

Quels sont les effets sur les étudiants juifs du climat actuel ? 

Rappelons que l'enquête parue en septembre dernier révélait déjà une montée de l'antisémitisme (voir article du Parisien ci-dessous).  Ce qui a changé, c'est cette atmosphère d'essentialisation des Juifs à Israël qui crée un malaise généralisé. Cela génère effectivement des réorientations des étudiants juifs vers des écoles privées plus petites où ils se sentent davantage en sécurité. Quant à Sciences-Po, dont on parle beaucoup et qui est traditionnellement une école très politisée, il n'y a pas pour le moment de fuite des étudiants juifs de cette école du fait de la réputation du diplôme. 

Les étudiants de l'UEJF, et vous-même, se sentent-ils particulièrement exposés ?

La force du collectif, nos outils militants, nous protègent. J'en profite pour décerner une sorte de satisfecit aux étudiants juifs de l'UEJF. Grâce à notre structuration, à notre position dans le débat, nous pouvons alerter les pouvoirs publics, nous sommes écoutés. Nous sommes des acteurs de l'université, sans équivalent, par exemple, aux États-Unis.