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Parcours de mémoire à Moissac
Durant la Seconde Guerre mondiale, la ville de Moissac a accueilli une maison-refuge pour enfants juifs. Près de 500 enfants y ont été hébergés et ont pu échapper à la déportation. Un parcours mémoriel et une application numérique rappellent cette histoire.
Durant la Seconde Guerre mondiale, la ville de Moissac dans le Tarn-et-Garonne a accueilli une maison-refuge pour enfants juifs. Shatta et Bouli Simon, deux membres des Éclaireurs israélites de France, y ont hébergé près de 500 enfants. Après l'invasion de la zone sud par les Allemands, ils ont organisé avec l'aide de la population locale un réseau de sauvetage. Tous les enfants de Moissac ont ainsi pu échapper à la déportation.
Afin de transmettre cette histoire, en particulier auprès des jeunes, un parcours mémoriel intitulé "La Résistance juive et les Justes de Moissac : sauver les enfants de la Shoah" sera inauguré le jeudi 13 octobre 2022, en présence de Patricia Mirallès, secrétaire d'État auprès du ministre des Armées, chargée des anciens combattants et de la mémoire. Ce parcours comprend 11 panneaux positionnés en divers points de la ville, évocateurs de l’histoire des enfants juifs, des Justes et des résistants de Moissac.
Il s'accompagne d'une application numérique coréalisée avec des élèves du lycée François Mitterrand de Moissac. Ce travail d'histoire et de mémoire entend contribuer à la transmission des valeurs républicaines.
Ce projet mémoriel est porté par l’État et piloté par l'ONACVG en partenariat notamment avec le Mémorial de la Shoah, le Comité français pour Yad Vashem et l'association Moissac, ville de Justes oubliée. Il a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Devant la maison de Moissac en 1940. Crédit : Association Moissac, ville de Justes oubliée
La maison d'enfants et les Justes de Moissac
Créée à l'initiative de Robert Gamzon, fondateur du mouvement de jeunesse des Éclaireurs Israélites de France (EIF), la maison de Moissac ouvre ses portes le 5 décembre 1939. Située 18 quai du Port, en plein centre de la ville, elle accueille dans un premier temps des enfants réfugiés originaires de Pologne, d'Autriche, d'Allemagne et de Hongrie. Ils y apprennent le français, se rendent à l'école et suivent des formations professionnelles. Dans la ville, nul n'ignore la présence de ces jeunes juifs.
La Maison accueille également des adultes, notamment des intellectuels, frappés par les législations antisémites. Ils participent à l'éducation des enfants et à la transmission du judaïsme. Moissac devient un centre névralgique des EIF et de leur "Sixième division" qui organise l'action clandestine.
Fin 1943, prévenus de l’imminence d’une rafle, les responsables de la maison évacuent les enfants. Certains sont cachés dans des familles ou des institutions religieuses alentour, d'autres passeront en Espagne ou en Suisse avec l'aide de l'Œuvre de secours aux enfants. Certains jeunes rentreront dans la Résistance en prenant le maquis.
Après la Libération, Shatta et Bouli Simon ouvrent une autre maison dans le moulin de Moissac. Jusqu'en 1953, ils y accueillent des enfants juifs qui pour beaucoup sont orphelins.
Dix habitants de Moissac ont été reconnus Justes parmi les Nations par l'institut Yad Vashem de Jérusalem. Une esplanade leur rendant hommage a été inaugurée dans la ville en 2013.
Crédit : Baludik
Une application réalisée avec des lycéens
Retraçant l'histoire des enfants juifs cachés à Moissac, cette application intitulée "Les ambassadeurs des mémoires de Moissac" propose un parcours dans les rues de la ville qui conjugue informations historiques et activités ludiques (quiz, puzzles, jeu de piste...).
Débutant sur l'esplanade des Justes, la balade passe par le couvent de la Miséricorde où des sœurs accueillirent des jeunes filles juives. Devant l’ancien commissariat, on découvre que le policier André Capdordy avait averti les responsables de la maison de l'imminence d'une rafle. Une étape près de l'hôtel de ville rappelle l'action exemplaire de Manuel Darrac et Alice Pelous, deux employés de mairie ayant fourni de faux papiers aux enfants persécutés. Au fil de l'itinéraire se dessine ainsi la chaîne de solidarité qui s'est tissée à Moissac durant la guerre.
Conçue avec la société Baludik, l'application a été réalisée avec 24 élèves de terminale (spécialité Histoire-Géopolitique) au Lycée François Mitterrand de Moissac.
► Télécharger l'application (Android et iPhone) via le site de Baludik