Mémoire | Film
Et la Terre s'ouvrit une dernière fois - Arnaud Sauli
Dans une forêt à l’est de la Pologne, un archéologue et son équipe fouillent le terrain pour faire émerger les traces du centre d’extermination de Sobibor. Témoins fragiles, des milliers d’objets ayant appartenu aux victimes, sortent de terre. Cette recherche s’achève car le chantier d’un nouveau musée-mémorial débute. Une plongée passionnante dans la Pologne d'aujourd'hui autant que dans son passé tragique.
Dans une forêt à l’est de la Pologne, un archéologue opiniâtre et habité par son sujet, Wojciech Mazurech, fouille avec son équipe - parmi laquelle son fils adolescent - pour faire émerger les traces du centre d’extermination de Sobibor. Témoins fragiles de vies disparues, des milliers d’objets ayant appartenu aux victimes sortent de terre : des médailles, des bagues, des tasses, des flacons et même un rouge à lèvres. Mais aussi, des poignées de cheveux qui permettent de situer l'emplacement de la baraque des coiffeurs dans ce qui est redevenu une forêt silencieuse. Les arbres aussi parlent : des traces de barbelés sont incrustées dans l'écorce des troncs.
Les Nazis avaient choisi le site de Sobibor pour son éloignement des zones habitées lorsqu'ils ont mis en place l'opération Reinhardt qui visaient à supprimer toute trace de vie juive à l'Est de la Pologne. Entre le printemps 1942 et l'automne 1943, plusieurs centaines de milliers de Juifs, essentiellement polonais, disparurent dans ce centre de mise à mort (les deux autres centres de l'opération Reinhardt étant Majdanek et Belzec), qui fut démantelé ensuite face à l'avancée de l'Armée rouge.
La recherche sur le chantier a dû s’achever malgré les regrets de l'archéologue, et de certains de ses collaborateurs, qui ont ensuite pu le présenter aux touristes, car la construction d’un nouveau musée-mémorial débutait. La controverse autour de ce musée s'exprime par la voix de l'archéologue, d'historiens, mais aussi par celle des architectes de ce nouveau musée.
Cette plongée dans la Pologne d'aujourd'hui, autant que dans son passé tragique, met clairement en lumière que le pays n'a pas encore surmonté les aspects les plus sombres de son histoire : seulement 10% de la population connaît le nom de Sobibor et l'implication de Polonais dans l'exécution de concitoyens juifs - y compris quand des survivants, en 1945, revinrent dans leur village - est tout aussi méconnue.
La vitrine du nouveau musée-mémorial de Sobibor avec les objets retrouvés pendant les fouilles. Photo : Dublin Films.
Deux versions de ce documentaire existent : l'une, de 88 minutes, destinée aux festivals et intitulée "Sheol" (le séjour des morts en hébreu) ; l'autre, de 52 minutes, "Et la terre s'ouvrit une dernière fois ", destinée à la télévision.
Arnaud Sauli est aussi le réalisateur du film "Le Kaddish des orphelins", consacré à Aharon Appelfed.
Produit par Dublin Films, ce documentaire a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Diffusion
Mercredi 24 août 2022, 23h20 sur France 3
► À voir en ligne jusqu'au jeudi 29 décembre 2022 sur france.tv