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Disparition de Raphaël Esrail
La Fondation a appris avec une profonde tristesse la disparition de Raphaël Esrail. Déporté par le convoi 67, survivant des camps, il était devenu un inlassable défenseur de la mémoire de la Shoah. Président de l'Union des Déportés d'Auschwitz depuis 2011, il était aussi membre des instances de la Fondation depuis son origine.
La Fondation a appris avec une grande tristesse le décès de Raphaël Esrail survenu samedi 22 janvier 2022 à Lannion. Rescapé du camp d’Auschwitz-Birkenau, il était président de l'Union des Déportés d'Auschwitz et membre des instances de la Fondation depuis sa création.
Raphaël Esrail est né en mai 1925 à Magnésie, en Turquie, dans une famille de culture ladino qui s'installe l'année suivante à Lyon. Profondément marqué par la défaite de juin 1940, son engagement dans la Résistance mûrit jusqu'à devenir effectif à l'été 1943, alors qu'il vient d'être admis à l'École Centrale de Lyon. Déjà membre des Éclaireurs Israélites de France, il entre dans une cellule clandestine de fabrication de faux papiers, au sein du réseau dit "La Sixième". C'est donc comme résistant qu'il est arrêté avec d'autres membres de la cellule le 8 janvier 1944, mais sa judéité est rapidement découverte. Envoyé à Drancy, il y rencontre sa future femme, Liliane Badour, internée avec ses frères, et l'espoir de la revoir l'aidera à tenir tout le temps de sa déportation. Tous les 4 sont déportés ensemble par le convoi 67 du 3 février 1944 vers Auschwitz-Birkenau, où les frères de Liliane sont gazés dès leur arrivée.
Simone Veil et Raphaël Esrail lors de la cérémonie du 27 janvier 2009 au Mémorial de la Shoah. © Pierre Marquis - FMS
Plus d'une fois, Raphaël Esrail échappe de justesse à la mort dans le camp. Il est finalement libéré en mai 1945, rentre en France et retrouve Liliane qu'il épouse en 1948. Il mène une brillante carrière d'ingénieur, mais comme beaucoup de déportés, il ne parle pas de son expérience des camps, ni dans sa famille, ni à l'extérieur. C'est à l'approche de sa retraite qu'il commence à devenir actif au sein de l'Amicale d'Auschwitz, pour transmettre la mémoire de la Shoah.
Son rôle comme secrétaire général puis président de l'Amicale, qui fusionne ensuite avec d'autres associations au sein de l'Union des Déportés d'Auschwitz, correspond à un intérêt croissant, dans l'espace public, pour la mémoire spécifique des survivants de la Shoah, ce qu'Annette Wieviorka a appelé "l'ère du témoin".
Raphaël Esrail a été particulièrement engagé pour mener à bien des projets d'éducation et de transmission. En 2017, l'UDA développe le site Mémoires des déportations qui propose de nombreuses ressources et s'appuie sur le principe de la géolocalisation.
Par ailleurs, l'UDA organise régulièrement des rencontres entre des rescapés des camps et des publics scolaires. En 2016, elles ont concerné pas moins de 35 000 élèves et depuis le début de la crise sanitaire, elles ont continué à distance.
Raphaël Esrail accompagne des scolaires lors d'un voyage à Auschwitz-Birkenau organisé par l'UDA en 2017. © Dominique Trimbur - FMS
En 2017, poussé par sa petite-fille, il avait rassemblé ses souvenirs dans le livre L'espérance d'un baiser.
Raphaël Esrail partage un long cheminement avec la Fondation : membre dès ses débuts de la commission Pédagogie et Transmission, devenue depuis Enseignement de la Shoah, il entre au Conseil d'Administration en 2007 et puis au Bureau dont il devient vice-président de 2013 à 2019.
Alors que les derniers témoins nous quittent peu à peu, nous nous devons de rester fidèles à leur mémoire et de continuer à transmettre leur histoire et celle de tous ceux qui ne sont pas revenus.
Nous adressons nos plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
Un livre d'or virtuel est ouvert sur le site de l'Union des Déportés d'Auschwitz.
Publié le 01/02/2024