Culture juive | Exposition
Pierre Dac. Le Parti d'en rire
Plus de 250 documents issus des archives familiales, extraits de films, émissions télévisées et radiophoniques contribuent à éclairer le parcours personnel et l’œuvre de Pierre Dac : son imagination et son inventivité ont nourri la culture française savante et populaire d’un extraordinaire arsenal humoristique, dont on mesure encore aujourd'hui l'héritage.
Inventeur du "schmilblick", résistant de la première heure et précurseur d'un humour de l'absurde qui deviendra ensuite un modèle pour nombre d'humoristes, Pierre Dac est pour la première fois au centre d'une exposition qui lui est consacrée au mahJ.
Né André Isaac en 1893 dans une famille d'origine juive alsacienne, il commence à écrire des textes d'humour dans les années 20, malgré son expérience traumatisante de la Première guerre mondiale, pendant laquelle il a été mobilisé, puis gravement blessé au bras, et qui l'a privé de son frère aîné Marcel, mort au front. Ses sketchs, chansons et surtout ses "pensées" lui valent un succès immédiat. Dans les années 1930, il produit les premières émissions d’humour à la radio puis fonde l’hebdomadaire L’Os à moelle.
"Tout juif qui aurait la possibilité de faire de la résistance et qui n’en fait pas, je le méprise d’office."
Conscient du danger nazi dès 1933, Pierre Dac devient un résistant de la première heure, et après plusieurs tentatives pour fuir en Angleterre et autant de séjours en prison, il réussit à rejoindre Londres. Au micro de la BBC à partir d'octobre 1943, dans "Les Français parlent aux Français", il mène une impitoyable guerre des mots contre Radio Paris, écrivant plus de quatre-vingts éditoriaux et chansons, fustigeant Pétain, les collaborateurs et les occupants. Son célèbre texte Bagatelle sur un tombeau, conclut une joute verbale avec Philippe Henriot, secrétaire d’État à l’Information et à la Propagande du gouvernement de Vichy et orateur de Radio-Paris.
"L’âme des justes qui ont péri dans les fours crématoires est immortelle. La preuve, dans le ciel, j’ai vu briller des étoiles jaunes."
Après la guerre, il rencontre Francis Blanche et forme avec lui un duo célèbre, créant le personnage de "Sâr Rabindranath Duval", puis Signé Furax, le feuilleton le plus écouté de l’histoire de la radio.
En 1972, trois ans avant sa mort, celui qui s’était autoproclamé "roi des loufoques" publie ses Pensées, qui touchent une nouvelle génération.
L’exposition du mahJ éclaire la créativité musicale et littéraire de Pierre Dac, ses sources, le rôle de la parodie et de la satire, ses modes d’expression très divers – et notamment l’utilisation de tous les nouveaux médias (film, radio et télévision) tout en restant attaché au cabaret et au théâtre. Elle évoque également plusieurs générations d’humoristes, qui ont été, un jour ou l’autre, ses compagnons de route. Certains d'entre eux, notamment Francis Blanche, Jean Yanne et René Goscinny, figurent au Panthéon de l’humour.
"Il vaut parfois mieux passer hériter à la poste que passer à la postérité."
Enfin, elle restitue l’œuvre de Pierre Dac parmi celles des maîtres de l’absurde (Samuel Beckett, Eugène Ionesco, Roland Dubillard…), redevable tant à l’argot des bouchers qu’au mot d'esprit freudien, et aborde les résonances de sa judaïté dans son parcours personnel, de citoyen et ses choix artistiques.
Exposition
Pierre Dac. Le Parti d'en rire (reprise de l'exposition de 2021 "Pierre Dac. Du côté d'ailleurs")
À voir du jeudi 20 avril au dimanche 27 août 2023
musée d'art et d'histoire du Judaïsme
Hôtel de Saint-Aignan
71, rue du Temple
75003 Paris
Cette exposition a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Catalogue
Le catalogue de l'exposition, Pierre Dac - du côté d'ailleurs, sous la direction de Jacques Pessis (Gallimard/mahJ)
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