Mémoire | Publication
La Disparition, Annette Zelman, été 42 - Jacques Sierpinski
Annette, prometteuse étudiante, amoureuse d’un jeune et brillant poète, Jean Jausion, avait tout juste 20 ans, lorsque son destin bascula dans l’horreur que furent, pour les Juifs, l’Occupation et le régime de Vichy. Le père de Jean, médecin réputé, ne supporte pas cette relation, la dénonce à la Gestapo. Annette est arrêtée, déportée et assassinée à Auschwitz à l'été 1942. Cette histoire vraie, emblématique et poignante, a donné lieu à de nombreuses études historiques, inspiré un roman, un film, une exposition et enfin un beau livre, œuvres pour les deux dernières du petit-cousin d'Annette, Jacques Sierpinski.
Dès son plus jeune âge, Jacques Sierpinski était à la fois intrigué et horrifié par le destin d’Annette Zelman, une des filles de la sœur de sa grand-mère paternelle. On en parlait parfois à la maison, sans trop s’étendre sur le sujet de peur de réveiller de mauvais souvenirs.
Annette, prometteuse étudiante aux Beaux-Arts, avait tout juste 20 ans, lorsque son destin d’artiste bascula dans l’horreur. Jeune femme libérée, en avance sur son temps, inconsciente des périls qui attendaient les Juifs dans cette période noire de l’histoire que fût l’Occupation et le régime de Vichy, Annette tomba amoureuse d’un jeune et brillant poète dadaïste du nom de Jean Jausion. Ce dernier, issu d’une famille de notable originaire de Toulouse, et Annette, originaire de Nancy, désiraient se marier, malgré l’opposition de la famille Jausion. Devant l’obstination de son fils, le père Hubert Jausion, médecin renommé, voyant que rien ne pourrait empêcher leur mariage, décida d’alerter les autorités allemandes et en premier lieu Theodor Dannecker, le SS-Obersturmführer, proche d’Adolf Eichmann, qui, de l’été 1940 à l’été 1942 fut le chef du Service des Affaires juives de la petite équipe de la Gestapo mise en place en France occupée.
Hubert Jausion souhaitait dénoncer cette union "contre-nature" entre son fils et une Juive. La suite, la famille l’a appris en 1961 par les écrits de l’historien Henri Amouroux : Annette a fait partie du convoi n° 3 à destination d’Auschwitz où elle a été assassinée. Jusqu’en 1961, pour les autorités et la famille, Annette avait disparu. Quant à Jean, inconsolable, il s'est engagé comme reporter de guerre et est mort dans une embuscade en septembre 1944.
Lors d’un voyage à Cracovie, Jacques Sierpinski, photographe de métier, s’est rendu à Auschwitz et a décidé d’entreprendre un travail photographique, de revenir sur les traces de sa petite cousine Annette, de collecter les archives, les photographies familiales, de consigner les témoignages et souvenirs de sa cousine Michèle, petite sœur d'Annette et dernière survivante de la fratrie, et aussi de rendre hommage à Annette à travers ses poèmes et dessins.
De ce travail d'investigation et de collectes, à la fois poétique et historique, intime et exemplaire d'une époque, celle des dénonciations, Jacques Sierpinski a d'abord conçu une exposition présentée à la mairie du 10e en mars 2024, soutenue par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
L'historien Laurent Joly qui avait déjà écrit un article marquant sur "Le Cas Annette Zelman et les débuts de la ‘Solution finale’ en France (mai-juin 1942)", paru en 2013 dans la revue Vingtième siècle, a rédigé une introduction à l'exposition et une postface à ce livre.
L'album de 144 pages est vendu au prix public de 35 €, et sera tiré à 800 exemplaires.
Parution : vendredi 28 juin 2024
Cet ouvrage, publié aux éditions de Juillet, a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Quelques pages intérieures du livre