Mémoire | Lieu de mémoire
Maison des Mémoires - Annemasse (Haute-Savoie)
La Ville d’Annemasse a fait l'acquisition des locaux de l’ancienne prison du Pax, en face du siège de la Gestapo - lieu hautement symbolique de la Seconde Guerre mondiale – pour y réaliser La Maison des Mémoires. Sa vocation est de transmettre la mémoire des hommes et des femmes qui, au péril de leur vie, se sont battus pour la liberté et ont permis à nombre de familles et d’enfants juifs de fuir une mort certaine en franchissant la frontière suisse.
Fin décembre 1942, les soldats italiens occupent Annemasse. Ils réquisitionnent une bonneterie située au 21, avenue de la gare et se servent de la cave pour enfermer les opposants politiques. Mais en septembre 1943, les Italiens s'en vont et les troupes d'occupation allemandes prennent leur place. Les militaires de la «SS Polizei Regimenter Tod» s'installent à l’Hôtel Pax et la bonneterie, juste en face, est aménagée en prison. Elle devient la principale prison du département pendant la Seconde Guerre mondiale avec des centaines de personnes détenues. Le registre d’écrou indique les noms de 736 personnes mais tous n’auraient pas été inscrits. Parmi eux se trouvent des résistants et des personnes juives, dont 39 enfants. Certains prisonniers sont assassinés, d’autres sont libérés mais la plupart d’entre eux sont transférés vers laprison de Montluc, avant d’être déportés vers des camps de concentration et d’extermination.
C’est le sort que connaît Mila Racine, jeune résistante, qui sauve de nombreux enfants juifs en leur faisant passer clandestinement la frontière suisse. Arrêtée le 22 octobre 1943, elle est incarcérée dans la prison du Pax, puis déportée au camp de Mauthausen où elle meurt sous les bombardements alliés, quelques jours seulement avant la libération des camps.
Après l'arrestation de Mila Racine, Marianne Cohn prend la suite. Cette jeune résistante sauve à son tour nombre d'enfant juifs mais elle est arrêtée le 1er juin avec un groupe d'enfants. le Maire, Jean Deffaugt, parvient à faire libérer les plus jeunes et propose à Marianne de l'exfiltrer. Elle refuse par peur des représailles sur les enfants. Torturée, elle ne parle pas et est assassinée au charnier de Ville-la-Grand le 8 juillet 1944 avec cinq autres prisonniers.
Sources : GAVARD Guy - Histoire d'Annemasse et des communes voisines - Les relations avec Genève de l'époque romaine à l'an 2000. La Fontaine de Siloé, 2006. AMOUDRUZ Robert et GAVARD Guy. Annemasse, la frontière et Genève. La fontaine de Siloé, 2014.
La municipalité d'Annemasse, située en Haute-Savoie, à la frontière suisse, porte depuis de nombreuses années les mémoires de la Résistance et a créé de nombreux espaces de mémoire (squares, parcs, rues, monuments, etc.). Pour ce projet particulier, elle s’est entourée d’un conseil scientifique rigoureux et pluridisciplinaire, dont fait partie l'historien Olivier Lalieu.
L'ancienne prison du Pax, acquise en 2017-2018 par la ville, a fait l'objet d'une rénovation importante. Elle offre désormais un centre d'interprétation de 120 m² pensé pour offrir une expérience immersive et pédagogique. La façade extérieure, seul vestige originel du bâtiment, a été restaurée dans son aspect d'origine, incluant la reconstruction du balcon du premier étage. Un parcours muséographique adapté et une scénographie moderne et interactive rendent accessible l’histoire du lieu durant la Seconde Guerre mondiale.
La Maison des Mémoires doit rejoindre ainsi le réseau des lieux de mémoire au niveau départemental, régional et national, mais aussi international, en lien avec Genève.
La Maison des Mémoires d'Annemasse a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Inauguration
Samedi 8 novembre 2025, 10h
►Programme complet (à télécharger)