Esther Senot, la rescapée d'Auschwitz - Cyril Tricot

La famille Dzic, le nom de naissance d'Esther Senot, est originaire de Pologne, pauvre et pas pratiquante. Elle arrive à Paris en 1928 avec les frères et sœur aînés d'Esther, âgée de 3 mois. Le 17 juillet 1942, au lendemain de la rafle du Vél d'Hiv, les parents et le petit-frère d'Esther, né en France, sont arrêtés à leur domicile, passage Ronce dans le 20ᵉ arrondissement. Esther, partie faire le tour de la famille - oncle, tantes, cousins, tous raflés également -, échappe à l'arrestation, mais après une année d'errance, à la recherche d'un frère ou d'une sœur qui pourraient l'aider, l'adolescente de 15 ans est finalement arrêtée à Paris, envoyée à Drancy et déportée à Auschwitz-Birkenau en septembre 1943. Elle y retrouve sa sœur aînée Fanny qui, mourante, lui fait jurer de survivre et de témoigner pour tous ceux qui sont morts.

Son histoire et celle de sa famille pendant la guerre, Esther la raconte au réalisateur avec franchise, sans pathos mais sans cacher que si elle a survécu aux camps, aux marches de la mort, grâce à la chance, à la solidarité et à sa constitution solide, elle connaît en 1945 un difficile retour en France. Seule survivante de sa famille, elle qui s'est tant battu pour revenir, fait une tentative de suicide et se retrouve en hôpital psychiatrique. Elle s'en sort par elle-même, trouve un emploi de vendeuse, se marie, a trois fils, part vivre dans le sud. Elle dit qu'elle a eu deux vies, dont une avec la famille qu'elle a créée avec Jacques, très heureuse. 

C'est beaucoup plus âgée qu'elle commence à témoigner, pour ses petits-enfants et arrière-petits-enfants, et toute leur génération. Le film la montre avec toute sa famille à Auschwitz sous la neige et deux de ses petites-filles expriment leur émotion et leur fierté pour cette "mamie" si forte et rayonnante. Il est vrai qu'Esther Senot force l'admiration : celle de la guide francophone d'Auschwitz-Birkenau, Dorota Kuscinska, qui effectue beaucoup de visites avec elle, celle de sa biographe Isabelle Ernot avec qui elle a écrit La petite fille du passage Ronce ; celle de la directrice de la résidence Sénior de Paris où elle réside désormais et qui décrit l'agenda de "ministre" de celle qui, à plus de 95 ans, sillonne la France et prend l'avion pour New-York ou Cracovie plusieurs fois par an ; celle des membres de la Compagnie théâtrale qui a mis en scène ses souvenirs au Mémorial de Rivesaltes près de Saint-Cyprien où Esther Senot a longtemps habité. 

Ce documentaire, produit par Eau Sea Bleue Productions, Le Lokal Production et France Télévisions, a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Diffusion 

Jeudi 30 janvier 2025, 23h sur France 3