Mémoire | Film

Lazare Silberman - Benjamin Silvestre

Ce film que le réalisateur dédie à son père a pour ambition de réparer un double effacement : celui de son nom et celui de l'histoire de ce père, enfant juif traqué et caché pendant la guerre, qui n'a pas voulu se souvenir de sa petite enfance ni la raconter, et que la maladie d'Alzheimer a ensuite plus encore enfoncé dans le silence et l'oubli. 

Projection : jeudi 7 novembre 2024, 19h au Mémorial de la Shoah, Paris

Ce film, qui prend la forme d'une adresse d'un fils à son père disparu depuis 25 ans, a pour ambition de réparer un double effacement : raconter l'histoire de ce père né en 1936 qui n'a pas voulu se souvenir de sa petite enfance pendant la guerre ni la raconter et que la maladie d'Alzheimer a plus encore enfoncé dans le silence et l'oubli. 

Pendant les premières années de son existence, Claude Silvestre s’appelait en réalité Lazare Silbermann. Âgé de trois ans lorsque la guerre éclate, traqué parce que Juif, il est emmené par sa mère en Haute-Savoie et caché dans des maisons d’enfants tandis qu'elle s'engage dans la Résistance. Muré dans le silence et emporté par la maladie d’Alzheimer, il n’aura pas le temps de raconter à son fils, alors adolescent, sa traversée de la guerre. Devenu réalisateur, celui-ci part à la recherche de l’enfance de son père et tente de réparer les silences et d’esquisser la continuité d’une histoire familiale dont plusieurs membres sont morts en déportation. 

Benjamin Silvestre tisse ce récit en s'appuyant de nombreuses sources : archives familiales, correspondances, photos conservées par sa grand-mère, documents officiels de l'administration de Vichy, mais aussi des films familiaux qui racontent l'après, et cette volonté farouche de célébrer la vie. 

À travers ce film, c’est une façon de rendre à nouveau visible ce que la maladie avait occulté. Et ainsi chercher à réparer la continuité d’une histoire, depuis Lazare Silbermann jusqu’à Claude Silvestre. C’est un film contre l’oubli. L’oubli de mon père, de son histoire mais aussi de mon oubli, par le fait de ne plus exister dans la mémoire de mon propre père. Une part de notre existence tient dans la mémoire que l’autre a de nous. Cette reconnaissance dans le regard de l’autre, c’est aussi cela, la sensation d’exister.

Lazare Silberman - Benjamin Silvestre

France, documentaire, 81 min, Les films du Carry, Lyon Capitale TV, 2024.

Ce film a été lauréat en 2021 de la bourse Brouillon d'un rêve de la Scam. 

Projection - rencontre

Jeudi 7 novembre 2024, 19h, en présence du réalisateur. 

Mémorial de la Shoah
17 rue Geoffroy L'Asnier
75004 Paris

Réservation

Lazare Silberman - Benjamin Silvestre