Mémoire | Publication
J'avais jadis une belle patrie -Lotte H. Eisner
Personnalité méconnue du grand public, Lotte Eisner (1896-1983) fut pourtant une figure incontournable du cinéma du XXe siècle, à la fois historienne, critique de films, et conservatrice en chef de la Cinémathèque Française auprès de Henri Langlois entre 1945 et 1975. Née à Berlin dans une famille de la bourgeoisie juive, réfugiée en France en 1933 puis internée à Gurs en 1940 dont elle s'évade pour être cachée par Langlois, sa vie marquée par le tragique de la guerre, fut avant tout celle d'une amoureuse du cinéma et des cinéastes.
Lotte Eisner, née à Berlin en 1896 et morte en 1983 à Garches près de Paris, est une personnalité méconnue du grand public et pourtant essentielle du cinéma européen et mondial du XXe siècle.
Ses Mémoires qui portent le titre évocateur de J'avais jadis une belle patrie, nous replongent d'abord dans l’Allemagne d’avant-guerre, à travers la vie quotidienne d’une famille de la grande bourgeoisie juive. Après des études d'art et d'archéologie, elle devient la première femme critique de cinéma au Film-Kurier. Lotte Eisner est alors témoin et actrice de la richesse de la vie culturelle berlinoise où elle rencontre Bertolt Brecht, Murnau, Max Reinhardt, Marlene Dietrich, Fritz Lang, Pabst, Erich von Stroheim ….
En 1933, elle fuit l’Allemagne nazie et trouve refuge en France où elle rencontre Henri Langlois et Georges Franju. Internée par le gouvernement français en 1940 au Vel d'Hiv comme "Allemande" puis comme Juive étrangère au camp de Gurs, elle s’en évade. Durant l’Occupation, Henri Langlois la cache dans un château où elle archive des bobines sauvées in extremis des mains de l’ennemi.
Devenue, après-guerre, la numéro deux de la Cinémathèque française créée par Langlois en 1936, elle parcourt le globe à la recherche des trésors du cinéma (films, décors, accessoires, etc.) et constitue, avec le Musée du cinéma, l’une des plus belles collections au monde et une mémoire mondiale du cinéma, fréquentant les gloires françaises et internationales comme François Truffaut, Alfred Hitchcock ou Wim Wenders.
Elle aussi l'auteure dans les années 1950 du célèbre L’écran démoniaque, qui renouvelle l'analyse du cinéma expressionniste allemand qu'elle connaissait parfaitement par ses fréquentations d'avant-guerre.
Ces souvenirs ont été recueillis par Martje Grohmann, l'ex-épouse de Werner Herzog, et sont préfacés par le cinéaste qui, dans Le Chemin des glaces, avait fait le récit de la longue marche pour la survie de celle que l'on surnommait "La Eisnerin".
Cet ouvrage, traduit par Marie Bouquet et publié par Marest éditeur, a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
En librairie jeudi 27 octobre 2022.
Soirée de lancement
Rencontre avec la traductrice, Marie Bouquet.
Librairie La Manœuvre
58, rue de la Roquette
75011 Paris