Culture juive | Publication
Motl en Amérique - Sholem Aleikhem
Après Motl fils du chantre, les éditions de l'antilope publient la suite des aventures de Motl, écrite par le grand écrivain yiddish Sholem Aleikhem. Dans ce deuxième volet, Motl, double de papier de Charlot, découvre enfin l'Amérique où il rêvait d'émigrer, et aussi la langue anglaise, dont la prononciation passe par la moulinette de son yiddish natal et offre une source inépuisable de jeux sur les sons et les mots.
Molt fils du chantre est un des grands classiques de la littérature yiddish. Des générations de Juifs d’Europe orientale et de nombreux Juifs immigrés en Europe occidentale ou en Amérique se sont identifiés au personnage de Motl.
Motl en Amérique raconte la suite des aventures du jeune homme qui réussit à émigrer et débarque à New York, ou plutôt Nouillorque, car Motl aime jouer avec les mots et leurs sons, surtout dans une langue étrangère qu'il va falloir apprendre.
À la belle-sœur toujours fâchée qui appelle le nouveau monde l'Amerdique, Motl oppose son esprit léger, observateur et drôle de formidable conteur, champion en digressions. Dans un style très oral et spontané, Motl s'enthousiasme de ce qu'il vit et voit dans ce monde nouveau.
Je ne sais pas, c'est le ciel ou l'eau ? Là c'est le ciel, je crois, et voilà l'eau, et voilà le ciel à nouveau. La maison d'eau, avec tous ces gens, toutes ces choses, monte et descend, monte et descend, nous partons en Amérique !
Mais je déteste rester assis à ne rien faire. Je me lève et j'examine la maison d'eau. Je vois des gens en gilets rouges à boutons dorés. Ils sont là pour nous servir. Ils ont un drôle de nom, stiouardes on les appelle. (...)
Nous mangeons surtout des peteilletesses. Mais je le vois, vous ne savez pas ce que veut dire peteilletesses. Qu'est-ce que c'est ? Comment ça se mange ?
Ca se mange avec du pain et du hareng rôti, et ça a le goût de pomme de terre.
En fait, ce sont les pommes de terre de chez nous sauf qu'ici ça s'appelle peteilletesses.
Comme le dit Nadia Déhan-Rotschild dans la préface, Motl semble un double de papier de Charlot, petit bonhomme noyé dans la masse des migrants, mais semblant regarder le monde de haut, à la fois naïf et curieux.
Sholem Aleikhem, né en Ukraine en 1859 et mort à New York en 1916, fut un des écrivains yiddish les plus populaires. Auteur prolifique dont l'œuvre Tevyé le laitier a inspiré la comédie musicale Un violon sur le toit.
Publié aux éditions de l'antilope, Motl en Amérique a été traduit du yiddish par Nadia Déhan-Rotschild et Evelyne Grumberg.
Cet ouvrage a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.