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Juifs et marché de l'art parisien en contexte de guerre (XXe siècle)
Les spoliations dans le domaine de l’art durant la Deuxième Guerre mondiale ont longtemps été occultées par les réseaux muséologiques et négligées par l'historiographie générale. Si des travaux récents ont permis d'y voir plus clair, beaucoup reste à dire et à découvrir sur cet aspect des persécutions antijuives, notamment en France.
Les spoliations dans le domaine de l’art durant la Deuxième Guerre mondiale ont longtemps été occultées par les réseaux muséologiques et négligées par l'historiographie générale. Si des travaux récents ont permis d'y voir plus clair, beaucoup reste à dire et à découvrir sur cet aspect des persécutions antijuives, notamment en France.
Ces spoliations sont naturellement au cœur ou à l’arrière-plan de toutes les contributions sollicitées pour ce dossier consacré à la France, pour lequel l’article d’Uwe Fleckner, centré sur la politique nazie (condamnation de l’art moderne dit « dégénéré », mais aussi ses accommodements) trace un cadre de compréhension général des mécanismes à l’œuvre de 1940 à 1944.
Mais le dossier se place aussi dans une perspective chronologique plus large. Il livre des éléments précis sur le rôle de certains marchands d’art juifs de la place de Paris dans la promotion des avant-gardes picturales de la Belle Époque à l’entre-deux-guerres (la galeriste Berthe Weill et, à une autre échelle, les frères Rosenberg et Kahnweiler) et les déboires rencontrés déjà par certains d’entre eux pendant et au lendemain de la Grande Guerre du fait de leur nationalité allemande et de leurs positions pacifistes (le séquestre Kahnweiler).
Il s’étend aussi à l’après-Deuxième Guerre mondiale : non seulement il évoque les efforts semés d’embûches des victimes des spoliations artistiques pour récupérer leurs biens (Paul Rosenberg), mais aussi l’oubli dans lequel certains de ces marchands ont été relégués (Berthe Weill) et, d’une façon générale, à travers un article sur les promoteurs de la Galerie de France, la façon dont les acteurs du marché de l’art de l’après-guerre perçoivent les persécutions subies par leurs confrères juifs.
Rédactrice en chef de la revue Archives juives. Revue d’histoire des Juifs de France, Catherine Nicault est professeur émérite de l’Université de Reims, spécialiste de l’histoire des Juifs aux XIXe et XXe siècle et des Relations internationales.
Ce dossier est coordonné par Yves Chèvrefils-Desbiolles, responsable des archives artistiques à l'Institut Mémoires de l'édition contemporaine, et Emmanuelle Polack, responsable des archives du Musée des monuments français au sein de la Cité de l'Architecture et du Patrimoine et chercheuse associée à l'Institut national d'histoire de l'art.
Ce numéro de la revue Archives juives a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.