Mémoire | Film
On n’oubliera pas. Beaune-la-Rolande 1942 - Jean Barat et Laurent Joly
Consacré au "Camp des Juifs" situé au cœur de la commune rurale de Beaune-la-Rolande dans le Loiret, un camp oublié et effacé du paysage local, ce film documentaire réalisé par Jean Barat et coécrit avec l’historien Laurent Joly a travaillé sur "le temps qui passe et […] l’espace qui reste". Ce film retrace cette histoire longtemps tue avec précision à travers des images d’archives, des récits de témoins (rescapés, voisins, contemporains de l’internement), la fondatrice du Cercil, Hélène Mouchard-Zay, mais aussi des héritiers d’une histoire lourde dont le maire actuel de la ville.
Ce documentaire retrace l’histoire d’un des camps du Loiret qui a interné les familles juives victimes de la rafle du Vel d’Hiv, durant l’été 1942. Il a connu une révolte violemment réprimée lorsque les mères internées ont été séparées de leurs enfants pour être déportées à partir du début du mois d’août 1942. Les 800 enfants, restés jusqu’à la fin du mois d’août dans ce camp, ont été assassinés après un passage par Drancy à leur arrivée à Birkenau. Cet épisode est considéré par les historiens comme un paroxysme de la "solution finale" en France, car nulle part ailleurs et à aucun autre moment de la guerre en Europe occidentale, on a ainsi envoyé massivement vers la mort des enfants juifs sans leurs parents.
Ce film relate l’histoire de ce camp, mais aussi celle de son oubli et de son effacement dans l'immédiat après-guerre - le camp est entièrement démantelé dès 1947, le seul repère visuel qui subsiste et a marqué la mémoire des survivants est un château d'eau -, puis des ondes de choc provoquées dans la communauté de Beaune-La-Rolande par l’article d’Éric Conan, "Enquête sur un crime oublié », publié par L’Express en avril 1990. Cet article, très largement médiatisé, suivi en 1991 par un livre sur le même sujet, très documenté - un extrait du passage de l'auteur à Apostrophe figure dans le film - a divisé la commune rurale beaunoise et a clivé ses habitants.

En travaillant sur l’histoire d’un camp français, gardé par des gendarmes français - voir la photo ci-dessous qui avait été censurée dans le film de 1956 d'Alain Resnais "Nuit et Brouillard"- , appuyé par des "fouilleuses" recrutées sur place, en explorant aussi les étapes d’une amnésie collective, On n’oubliera pas Beaune la Rolande travaille aussi sur ses mémoires et leurs étapes.
Quelques épisodes du film sont particulièrement marquants à cet égard. Par exemple, le maire de la commune qui explique qu'il s'occupe du bien-être de sa petite ville (2 000 habitants en 1942 comme en 2025) aujourd'hui mais que l'on voit aussi très empathique lorsqu'il est aux côtés de sa mère, témoin direct du camp lorsqu'elle avait 10 ans, fondre en larmes en se remémorant les sœurs Bender, des fillettes juives de son âge arrachées à leur mère. Autre moment marquant : lorsque le Président des amis de Beaune-la-Rollande évoque un ouvrage "Images d'antan" paru en 2001 dans lequel une légende mentionne qu'"il a toujours fait bon vivre à Beaune-la-Rollande", ce qui avait fait un certain bruit. En contrepoint, s'expriment les paroles apaisées d'Hélène Mouchard-Zay, qui a contribué à l'ouverture en 2011 du Cercil (Centre d'étude et de recherche sur les camps du Loiret), à 40 km de là, à Orléans, consacrée à l'histoire des camps du Loiret, mais aussi les témoignages des enfants rescapés Annette et Michel Muller, Rachel Jedinak et Joseph Weismann.

Un plan de la ville qui montre la proximité du camp avec les habitations
Ce film de 52', produit par la Générale de Production, a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Avant-première
Mardi 4 mars, 20h
Cinéma Christine
4 rue Christine
75006 Paris
►Invitation (PDF)
Diffusion télévisée
Lundi 10 mars 2025, 23h15, sur France 3 et france.tv
Projection
Jeudi 13 mars 2025, 19h, en présence du réalisateur et de Laurent Joly, historien
Mémorial de la Shoah
17 rue Geoffroy-l'Asnier
75004 Paris

La rue qui longe le lycée agricole édifié à l'emplacement du camp