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La Solution finale. Le destin des Juifs 1933-1949 - David Cesarini
Après des décennies de recherche, l'historien anglais David Cesarani (1956-2015) a réévalué l'histoire de la Shoah en démontrant que l'extermination des Juifs par Hitler n'était ni expressément planifiée ni inévitable. Ouvrage d'une autorité manifeste, cette synthèse profondément bouleversante est traduite pour la première fois en français.
Dans ce récit chronologique qui analyse des thématiques spécifiques – la Judenpolitik, les pogroms de 1938-1939, l'opération Barbarossa, la "Solution finale", la guerre totale, etc. –, David Cesarani montre comment, dans les pays occupés par l'Allemagne, la persécution s'est déroulée de manière erratique, souvent tributaire d'initiatives locales. Il insiste sur le fait que c'est plus souvent la cupidité que l'antisémitisme qui incita des gens à se rallier à la volonté des occupants allemands. La peur d'avoir à restituer les biens volés joua un rôle dans l'hostilité qui continua à s'exprimer. Il rappelle ou dévoile aussi les réactions, comportements, initiatives ou reculs, aveuglements, volontaires ou pas, des puissances mondiales face à ce qui était à l'œuvre, dès 1933 et qui aurait pu être évité.
À partir de travaux historiques, d'archives d'autorités nationales ou locales, de rapports ou d'ouvrages de diplomates, journalistes ou personnalités de l'étranger, de témoignages directs (Journaux, Mémoires, correspondances), David Cesarani nous transporte dans la vie quotidienne de ceux qui évoluèrent d'un patriotisme sincère à l'incrédulité des premières mesures antijuives, jusqu'à l'ultime stade d'une persécution inouïe. Au lendemain du 8 mai 1945, des milliers de ces Juifs déportés furent maintenus dans les camps réservés aux "personnes déplacées". Des milliers d'autres furent empêchés par la Grande-Bretagne de rejoindre la Palestine mandataire. Ceux qui retrouvèrent leur pays d'origine allaient devoir livrer bataille pour récupérer leurs biens, leurs enfants qui avaient été cachés dans des familles chrétiennes, leurs défunts. Et tous avaient à réparer les plaies de leur humanité si longtemps brisée.
 
                  David Cesarani, historien britannique, était spécialiste de l’histoire juive et de la Shoah. Il est également l’auteur de plusieurs biographies, dont celle d’Adolf Eichmann, traduite en France en 2010. Il est mort en 2015, sans voir paraître son ouvrage majeur.
La préface de Tal Bruttmann permet de mieux comprendre le parcours de Cesarini, qui ne fut pas seulement "le plus important historien" de la Shoah au Royaume-Uni pendant deux décennies, mais aussi un acteur majeur de la vie publique de son pays, à l'initiative de la journée de commémoration nationale, dénonçant la présence d'anciens nazis sur le sol britannique, ou encore alertant sur la montée de l'antisémitisme, notamment à l'extrême-gauche, car pour lui "la recherche historique n'était pas coupée de l'enseignement et de ses usages politiques, au sens noble du terme". 
Le chercheur eut aussi un rôle majeur dans le développement de centres de documentation sur la Shoah, la Wiener Library qu'il dirigea et le Holocaust Research Institute qu'il créa. 
Cet ouvrage posthume montre la hauteur de vue de son auteur, capable, selon Tal Bruttmann, d'une synthèse basée "sur une connaissance poussée des travaux menés sur l'ensemble des territoires concernés", où il sait aussi faire entendre la voix des victimes, considérée comme une "source essentielle".
Parution : jeudi 30 octobre 2025 aux éditions Bouquins.
La traduction depuis l'anglais de cet ouvrage par Simon Duran a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
 
                     
           
           
           
           
           
           
            
            
   
         
         
         
         
         
        