Culture juive | Publication
Juifs de Belleville - Benjamin Schlevin - Traduit par Batia Baum et Denis Eckert
Benjamin Schlevin restitue dans ce roman écrit dans sa langue maternelle, le yiddish, et publié en 1948, la vie intense et tragique du petit peuple des artisans et ouvriers juifs de Belleville, originaires d’une Europe de l’Est secouée par les suites de la guerre de 1914-1918 et la révolution bolchevique, dans un contexte d’antisémitisme virulent. L’ouvrage avait fait l'objet en 1956 d'une première édition en français, tronquée et réécrite. Le texte intégral, entièrement retraduit et publié aujourd'hui, peut être considéré comme inédit en français.
Né à Brest-Litowsk en 1913, admis à l'École normale d'Instituteurs yiddish de Wilno, Benjamin Schlevin ne peut cependant supporter l'antisémitisme qui régnait en Pologne à cette époque et vient s'installer en France, à Paris, dans le quartier de Belleville, où il travaille comme ouvrier-imprimeur dans la presse communiste yiddish. En 1939, il s'engage dans un régiment de volontaires étranger, est fait prisonnier et passe toute la guerre dans un stalag en Allemagne. Revenu à Paris en 1945, il reprend son métier et poursuit l'écriture de son roman "Les Juifs de Belleville" écrit essentiellement avant-guerre, qu'il complète en décrivant le destin de ses personnages pendant la guerre.
Ce roman suit les trajectoires divergentes de Béni l’arriviste et de Jacques l’idéaliste, arrivés ensemble à Paris en 1920. Il nous fait découvrir le monde complexe des petits patrons, des ouvriers d’atelier et des façonniers, unis par des liens de solidarité et d’exploitation, avec les hôtels et les garnis où s’entassent les nouveaux venus, les sociétés de secours mutuels, les cercles politiques et culturels (Kultur-Lige etc.) animés par les bundistes, les sionistes de gauche et les communistes.
Il retrace la vie trépidante des cafés bellevillois et des environs de la Place de la République, les combats antifascistes et les grèves de 1936, jusqu’aux pages tragiques de l’Occupation et de la captivité dans un stalag. Benjamin Schlevin y dépeint aussi les résistances acharnées à l’oppression et aux persécutions, à Paris ou dans les camps de prisonniers.
Publié en yiddish en 1948, il parait en 1956 dans une traduction française largement tronquée et réécrite - notamment les passages politiques ou à connotation sexuelle. L'auteur s'y résigne, continuant à écrire et à publier en yiddish tout en travaillant jusqu'à sa disparition en 1981.
La récente traduction intégrale de l'œuvre est la dernière réalisation de Batia Baum, décédée en juin 2023, qui avait reçu le Grand Prix de la traduction de la Société des Lettres. Elle a co-signé ce travail avec un de ses anciens élèves de l'atelier de traduction littéraire de la Maison de la Culture Yiddish, Denis Eckert (dont le pseudonyme de traducteur est Joseph Strasburger qui signe la préface).
Il s’agit de la première traduction intégrale de cette œuvre fondamentale des lettres yiddish, par ailleurs roman social, s'inspirant de Balzac et Zola, et traitant de l'impact de la société industrielle sur le monde immigré.
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Traduit du yiddish par Batia Baum et Joseph Strasburger
Postface et appareil critique de Denis Eckert
Ce livre, publié aux éditions L'échappée dans la collection "Paris perdu", a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Parution : Mercredi 22 janvier 2025
524 pages / 24 euros
Rencontre littéraire
Jeudi 15 mai 2025, 19h30
Arnaud Bikard, enseignant de yiddish (INALCO, Maison de la Culture yiddish) conversera avec Denis Eckert, auteur de la Postface et de l’appareil critique.
En savoir plus et réserver
Maison de la culture yiddish – Bibliothèque Medem
29, rue du Château d’Eau
75010 Paris